«Tout le monde veut aller dans le désert.» Cette affirmation dans la bouche d'un habitué des virées dans le Sud algérien montre l'attrait qu'exercent ces contrées sur toutes les personnes qui sont fatiguées de cet horizon bouché par les immeubles et de cet air pollué et empli des bruits de la ville. Les vastes étendues désertiques et le silence qui y règne sont une bonne thérapie pour un citadin. Et la thérapie n'en sera que meilleure si le silence est rompu avec de la musique. La formule a été plus d'une fois vérifiée : concert de musique universelle au pied d'Iharene dans l'Ahaggar, soirées musicales dans des oasis, qaada dans un ksar ou une maison rustique à l'orée de l'oasis. Evidemment, c'est les voyagistes qui ont su le plus tirer profit de cette formule. D'autres, cependant, en feront autant, mais pas avec les mêmes objectifs commerciaux. C'est le cas des associations Hilal Saoura de Beni Abbès et Nuits Métis de Marseille qui ont initié le Festival international de musique Nuits de la Saoura de Beni Abbès, dans la wilaya de Béchar. Dès sa naissance, la manifestation a été adoptée aussi bien par les habitants de Beni Abbès que par ses visiteurs. Le succès était au rendez-vous et il l'est encore. Les Nuits de la Saoura en sont à leur 5ème festival, édition qui devra se tenir du 28 au 31 décembre prochain.Il faut souligner que l'objectif des organisateurs de ce festival n'est pas de dresser une scène et d'y faire défiler des artistes, avec un joli pactole à la clé. Leur but est de développer et de renforcer les échanges culturels, le dialogue entre les peuples et la promotion des jeunes artistes. En plus de soirées de spectacles qui sont d'ailleurs ouvertes gratuitement au public, le festival prévoit des résidences d'échanges entre artistes nationaux et étrangers, la poursuite de l'opération de rénovation de la résidence d'artistes Hadj Berrehou, située au ksar de Beni Abbès, et des expositions sur les différentes facettes des patrimoines matériels et immatériels de la région. Des visites seront également organisées pour la découverte de sites historiques, archéologiques et naturels de la daïra de Beni Abbès, connue mondialement pour la beauté de ses paysages sahariens, notamment sa grande et séculaire palmeraie. Avec un tel programme et une telle philosophie, qui privilégie le rapport humain et social, avec la musique comme liant seulement, on comprend que les Nuits de la Saoura soient devenues un des rendez-vous culturels les plus attendus dans cette région. H. G.