Que manque-t-il aux sélections algériennes de jeunes footballeurs pour accéder à un haut niveau ? Un supplément d'âme ? La part du rêve ? La durée à long terme ? Tout est lié à la manière dont on envisage son avenir… L'exigence de la compétition de haut niveau impose forcément un modèle de comportement assez spécial pour sortir de l'ordinaire. L'Algérie savait forcément à quoi s'en tenir. D'une façon ou d'une autre, elle est appelée à apporter la preuve de son savoir-faire dans ce genre de compétitions. Il faut dire que, lorsqu'on passe d'un niveau à l'autre, d'une étape à l'autre, beaucoup de choses évoluent. La gestion d'un match, d'un duel n'est plus tout à fait la même. Des motivations d'un autre genre, voire surdimensionnées, émergent. Mais chez les Algériens, et nous n'étions pas censés l'ignorer, il manquait toujours chez l'équipe, et peut-être bien dans son entourage, cette exigence que l'on devrait mettre en avant pour atteindre le haut niveau. L'état d'esprit qu'on nourrit à son égard. On n'y débarque pas justement pour le seul fait d'y participer. Mais essentiellement à un certain niveau de surpassement. Vis-à-vis de ce qu'on entreprend, mais aussi de ce que l'on mérite. Et ça ne devrait pas être seulement un paramètre, mais aussi et surtout un élément moteur. Le pouvoir de la compétition africaine ou mondiale a en définitive d'autres pouvoirs d'exigence et de séduction… Pour ainsi dire, on pensait que la valeur d'une équipe comme les jeunes catégories se mesure en particulier à la capacité à se mettre en évidence et à s'imposer à l'échelle continentale. C'est à ce niveau-là qu'elle devait essentiellement apprendre à se construire, sauvegarder son identité et s'octroyer par conséquent un nouveau monde. Il est écrit quelque part que les jeunes formations algériennes demeurent incapables de se libérer des maux qui ne cessent de les ronger et de conditionner leurs parcours. Avant de penser aux résultats, les équipes auraient dû, à notre avis, se doter d'arguments susceptibles de leur procurer une autre dimension dans le jeu et dans le comportement. Elles ont encore besoin de se renforcer ou, plutôt, d'évoluer dans le bon sens. On ne peut pas justement demander, et encore moins exiger, des équipes des choses dont elles sont incapables. Individuellement, mais aussi collectivement, elles sont encore loin de pouvoir répondre aux aspirations. Il faut dire que le travail, encore et toujours, devrait l'emporter sur toute autre considération. Le travail, mais surtout la patience. Jusqu'à présent, on n'est pas parvenu à se faire une raison d'être à ce niveau. On se contente justement de se fixer des ambitions qui sont bien au-dessus des moyens du club ou des sélections de jeunes. La réalité est que les sélections de jeunes Algériennes, dans leurs différentes versions, se veulent autre chose que ce qu'elles sont vraiment. Pourquoi refuser d'admettre qu'elle ne peut être une équipe de titre, ou encore jouer les premiers rôles tant qu'elles ne s'y étaient pas préparées sur des bases solides? Il y a encore du chemin à parcourir. Des arguments à consolider et à confirmer avant de viser haut et grand. Les ambitions d'une équipe devraient être inconditionnellement à la hauteur de ses moyens, mais également de ses convictions justifiées. Plus que jamais, les jeunes sélections devraient savoir aujourd'hui ce qu'elles veulent et en être fortement convaincues. Elles n'en ont plus désormais le choix. Les exigences, les priorités, devraient avoir d'autres noms, d'autres significations, notamment par rapport à ce dont elles auraient besoin et ce qu'elles sont censées accomplir avec les moyens dont elles disposent actuellement. Il n'y a plus que le terrain qui peut donner un sens aux motivations d'une équipe comme les Verts de moins de 17 ans. Il faut dire que les motivations ne peuvent pas venir comme cela, à tout hasard. Elles se préparent. Plus encore : la plupart du temps, elles se provoquent même. Et les Fennecs en ont tellement besoin qu'ils se doivent aujourd'hui de se faire une nouvelle raison d'être aussi bien sur le terrain qu'à l'extérieur. Pour autant, ils auront besoin, ici et là, d'un nouveau souffle et de repères totalement différents de ceux auxquels ils étaient habitués. Entre le «trop proche» et le «trop lointain», se situe donc un ensemble d'impératifs destinés à matérialiser les besoins d'une équipe comme l'EN. Tout particulièrement ceux qui tournent autour de la nécessité d'apprendre l'art de la maîtrise de la patience. De tels impératifs ne manquent de susciter deux points d'interrogation que l'on considère pour notre part comme importants dans le parcours de l'équipe. Premièrement : y a-t-il une deuxième étape au-delà des aspirations des dirigeants, des supporters et des objectifs assignés ? Deuxièmement : à quoi pourrait ressembler la sélection des moins de 17 ans au Nigeria face aux ténors de la balle ronde mondiale ? Tout est lié à la manière dont elle se produira et abordera ses matches… A. B.