Le niveau étalé par la sélection nationale de football des -17 ans à Alger, lors de la coupe d'Afrique des nations, autorise tous les espoirs quant à un bel avenir de la balle ronde algérienne. La fatalité de voir éternellement notre football patauger dans les abîmes de la discipline est donc vaincue. Tout le monde l'aura compris : une équipe nationale performante, c'est réalisable. Pourvu que des hommes de la discipline soient mis en place. Après dix-huit mois de travail dans ce qui a été appelé l'Académie de la FAF, une sélection a vite pris forme dans le volet lié à la formation. Après 18 mois de travail, l'EN des cadets accède à la finale de la coupe d'Afrique et se qualifie –exploit inédit dans les annales du foot national- pour la phase finale du Mondial prévu au Nigeria au mois d'octobre prochain. Il est vrai que les Algériens ont espéré voir les petits Fennecs remporter le trophée. Mais le réalisme recommande que nous tirions assez de satisfactions de ce que nous ont procuré ces fleurons académiciens. Le sélectionneur de cette équipe, Athmane Ibrir, la mine déçue au terme de la finale contre la Gambie, voulait plutôt aborder l'essentiel. «On savait dès le départ qu'on allait affronter une équipe très forte, extrêmement physique et athlétique, et qui, de surcroît, joue très bien au ballon. Les instructions données étaient de ne pas laisser trop d'espaces aux Gambiens. Nos joueurs ont essayé de le faire, malheureusement ils ont quand même laissé des espaces. Nous l'avons payé cash en encaissant le 1er but dès la 7e minute de jeu. On a essayé de revenir dans le match en égalisant juste avant la pause, mais la suite nous a été fatale. Nous avons commis des erreurs, mais cela fait partie de la formation. Je félicite mes joueurs pour leur prestation. Ils ont porté le drapeau algérien très haut. Je souhaite qu'ils fassent un bon Mondial en octobre prochain au Nigeria. Il faut maintenant se tourner vers l'avenir, sachant que cette équipe va également préparer les prochaines échéances comme les jeux africains 2011 et les jeux Olympiques 2012.» Le coach gambien, de nationalité égyptienne, n'a pas tari d'éloges à l'égard du onze algérien. «L'équipe algérienne a réalisé une prestation honorable et renferme des joueurs au talent prometteur. Je cite, notamment, le n°6 (Hossem Eddine Ferkous), le 15 (Nabil Aït Fergane) et le 4 (Mohamed Ilyas Cherchar)», dira-t-il avant d'aller recevoir le trophée en compagnie de ses éléments au gabarit impressionnant. La phrase phare du coach national demeure incontestablement celle-ci : «Il faut se tourner vers l'avenir.» Et, à ce propos, il faudrait aussi ouvrir le débat sur l'itinéraire que doit suivre cette sélection pour se perfectionner et atteindre le haut niveau et, donc, pouvoir rivaliser avec les grands du continent. Un objectif que nous ne saurons pas réaliser sans la consolidation des acquis de cette équipe qui vient, en effet, de montrer beaucoup de qualités. Parmi les points forts de cette équipe, on ne peut pas ne pas constater la culture du positionnement sur le terrain, et ce, à tous les niveaux. La répartition des joueurs sur le rectangle vert n'a rien à envier à celle des sélections les plus disciplinées tactiquement. Ce qui se manifeste par la capacité du collectif à développer son propre football fait d'échanges de balles dans tous les sens. Des tares existent, mais elles ne sont pas insurmontables particulièrement quand il s'agit d'un groupe qui n'a pas encore achevé son cycle de formation. En plus du grand travail qui attend le staff technique dans le compartiment offensif, qui a besoin d'améliorer sa moyenne d'efficacité, les coéquipiers de Bekakchi semblent «ignorer» certaines vicissitudes de la discipline. Un facteur qui a tant profité aux adversaires des Verts lors de cette compétition. Cette «ruse» devient déterminante, notamment lorsque le vis-à-vis est plus à l'aise physiquement comme c'était le cas en match de la finale contre des Gambiens qui n'ont de cadets que le titre. Nous avons vu comment nos jeunes, armés d'une volonté de fer, peinaient à passer même quand le geste technique y était. Bezzaz Abdelhakim, le meneur de jeu des Fennecs, peut témoigner de ce qu'il a enduré pour passer l'écueil des Camaras intraitables. La cause de ce retard serait éventuellement due au manque de compétition dont souffre cette sélection. Il y a même eu de l'usure mentale lors du match de la finale. Ce qui est a priori logique dans la mesure où c'est la première fois que cette équipe joue une série de cinq matches en un laps de temps très court. C'est scientifiquement intenable pour des joueurs sans compétition classique. Est-il ainsi temps de libérer ces joueurs pour qu'ils puissent évoluer dans des clubs ? La question est d'autant plus pertinente pour au moins une raison. L'ossature de la sélection est d'un niveau tellement appréciable qu'elle n'a plus de temps à perdre loin d'une compétition officielle, le véritable terrain d'une évaluation permanente. Le débat mérite bien d'être lancé. En attendant, l'académie FAF vit à l'heure du Mondial nigérian et de ses exigences. A. Y.