Il est de notoriété publique que la quasi-totalité des sportifs de haut niveau sont issus du sport communal. Ce dernier a de tout temps servi de révélateur de talents. Les exemples ne manquent pas. Un regard sur l'itinéraire de certains anciens internationaux de l'équipe nationale de football mènera inéluctablement à la conclusion suivante : le sport communal est naturellement une pépinière pour le sport de performance. Il y a, en effet, des footballeurs qui ont été découverts dans des tournois intervillages ou interquartiers. Ces rendez-vous de loisirs et d'animation se sont avérés un tournant dans la vie de ces sportifs. Ils ont, ainsi, pu accéder au haut niveau. L'ex-gardien international des Verts, Aomar Hamenad, a été ainsi déniché dans un tournoi de football à Tizi Ouzou. Une fois les portes de la performance ouvertes devant lui, le concerné a fourni de grands efforts pour le perfectionnement de ses qualités. Chose qui lui a permis de s'imposer comme le gardien indiscutable de la formation kabyle et de frapper à la porte de la sélection nationale dès son jeune âge. Le tout a été couronné par une carrière footballistique bien remplie. Et cerise sur le gâteau, il a capitalisé tout son vécu dans le monde du football pour se reconvertir en entraîneur de gardiens de but. Dans les villes, les choses ne se présentent pas différemment dans la mesure où le talent a été souvent détecté à la faveur d'une partie de plaisir entre les copains du quartier. Il est vrai, néanmoins, que dans le monde urbain, les jeunes peuvent s'inscrire précocement dans une association sportive. Ce qui augmente de manière considérable les chances de succès de l'adolescent. Cela lui permet visiblement de ne pas perdre de temps à chercher une structure pour évoluer. Un tel scénario est décidément réservé aux jeunes talents nés dans un milieu rural. Mais loin de cette distanciation, il y a manifestement des facteurs nouveaux qui ont imposé, au fur et à mesure que les années passent, leur poids. Il s'agit, de manière globale, de l'exigence de performance. Il est désormais établi que le talent n'est plus synonyme de performance. La sentence est prononcée par les techniciens de chaque discipline. Ils disent que la maîtrise des rudiments d'une pratique sportive ne signifie nullement le haut niveau. Le football moderne ne s'accommode plus du talent à l'état pur. Beaucoup de jeunes, au talent intrinsèquement avéré, n'ont pas pu s'imposer dans des clubs pour pouvoir réussir une belle carrière dans le haut niveau. Pour des raisons objectives. Les spécialistes dans la formation des jeunes catégories sont unanimes à dire que les conditions d'une formation adaptée aux exigences de la performance ne sont jamais réunies dans notre pays. Raison pour laquelle la déperdition sportive est en perpétuelle croissance. A ce propos, les formateurs situent deux niveaux de ratage. Il y a le retard dans la formation, d'un côté, et la déformation de l'autre. D'où, par ailleurs, la conclusion sur les limites du sport communal. Car, si par le passé le talent d'un jeune athlète peut compenser les années durant lesquelles il n'a été affilié à aucun club, ce n'est visiblement plus le cas actuellement. Il est ainsi dit que tout retard dans la formation profitera à l'adversaire. Mais avant que l'athlète voit la supériorité des adversaires, il en pâtira d'abord vis-à-vis de ses partenaires qui lui sont supérieurs en matière de formation. En termes de concurrence, il ne tiendra pas devant ses coéquipiers, car même à ce niveau, la concurrence y est. Le retard peut être vérifié, également, dans l'assimilation des modes de préparation, de gestion de l'effort, de récupération… La pratique du sport de haut niveau, qui est visiblement sur la voie d'intégrer une forte dose des sciences, est devenue une mission dure à accomplir. Notons que des formations produisent dans certains cas des athlètes dont les qualités techniques laissent franchement à désirer. C'est à partir de là que des techniciens héritent d'athlètes qui ont plus besoin de «révision» que d'un supposé perfectionnement. Dans une telle situation, nous sommes bien dans la rupture de formation que dans la continuité. Des entraîneurs de la première équipe étaient nombreux à se plaindre des habitudes prises par leurs joueurs. Ils se sont, par ailleurs, posé la question quant à la teneur et aux acteurs de leur formation. Dans pareil cas, ils se retrouvent à effectuer un exercice qu'ils n'attendaient pas. Comment effacer ce que les jeunes avaient faussement appris ? C'est un travail de déconstruction qui s'offrirait dès lors au technicien. Celui de réformer le jeune formé. Pour au moins deux raisons : le sport communal a perdu de sa capacité à alimenter le sport d'élite. Ce dernier s'est tellement donné des exigences que le sport communal a vu son apport réduit presque à néant. A. Y.