Voilée par des slogans trompeurs et des publicités mensongères, la société américaine Monsanto, leader mondial des OGM, n'a pas encore fini de polluer l'univers à travers ses activités qu'elle dissimule avec brio. Et cela en bénéficiant de la complicité de plusieurs scientifiques, hommes politiques et médias. Pourtant, nombreux sont les témoins et les victimes de cette société, des centaines de personnes atteintes de maladies graves et rarissimes dues à la contamination chimique engendrée par la présence des industries de Monsanto. C'est à ce sujet épineux que la journaliste et réalisatrice française Marie-Monique Robin a décidé de s'attaquer à travers un documentaire soutenu par un livre intitulé le Monde selon Monsanto reflétant une vision macabre et dévastatrice de cette firme de Saint Louis, qui, pour de l'argent, a mis en péril la santé de centaines de personnes. Se basant sur des documents inédits et des témoignages d'hommes de science, l'auteur est allée au bout de son enquête. Déterminée à dévoiler au grand jour les véritables motivations et intentions de cette société, Marie-Monique Robin a eu recours à plusieurs récits poignants des victimes du Monsanto. On citera l'exemple de la ville d'Anniston, dans l'Etat d'Alabama, qui s'est transformée en ville fantôme après la contamination de l'eau potable et des jardins par le PCB, dérivé chimique très nocif utilisé dans l'industrie. Elle parlera aussi de Time Beach qui a disparu après la décontamination du site. On verra aussi toutes les magouilles dont usent les représentants de la société pour contourner les lois et échapper à la justice. Ces derniers n'hésitent pas à soudoyer les scientifiques et à acheter le silence de certains hommes politiques en leur offrant des intérêts dans leurs affaires. Le lecteur sera aussi surpris par le côté obscur de la campagne Roundoup (célèbre herbicide) dont la publicité évoque ses vertus de biodégradabilité. Ce produit largement consommé dans le monde n'a rien d'inoffensif. Bien au contraire, ce n'est qu'un autre poison mis sur les marchés internationaux. Plus grave, l'ouvrage démontre toute la cruauté des gérants de la société qui n'ont pas eu le moindre scrupule pour tromper les citoyens. L'auteur nous parlera aussi du scandale de la dioxine, cause de graves maladies dermatologiques chez les employés de la firme. En 16 chapitres, le lecteur est servi en révélations. Avec une société implantée un peu partout dans le monde, il découvrira tout le mal qu'a fait subir Monsanto à des populations entières d'Argentine, de l'Inde et du Mexique. Dans un autre chapitre, l'auteur abordera l'usage courant d'armes chimiques durant les guerres, des armes souvent fournies par la société Monsanto, tel l'agent orange. L'auteur ne lésine pas sur l'usage de mots durs, incisifs et les qualificatifs souvent crus et directs tels que «assassins», «tueurs d'embryons», «criminels», qui disent en fait les certitudes de l'auteur quant aux informations recueillies et le sérieux avec lequel elle a mené son enquête. On découvre aussi les allures d'amie de la nature que la société s'est attribuées récemment. Car, après avoir causé tant de tort, la firme s'est penchée sur les OGM tout en prétendant des intentions honorables telles que la lutte contre la faim dans le monde. Un nouveau statut que l'auteur prend sur un air sarcastique en écrivant «de la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien». Le livre de 365 pages est préfacé par Nicolas Hulot, célèbre animateur de l'émission Ushuaïa. Connu pour son militantisme et son activisme pour la protection de la nature, M. Hulot ne mâche pas non plus ses mots pour dénoncer non seulement les crimes commis sciemment par Monsanto mais aussi ces complicités qui l'ont laissé faire. «L'enquête de Marie-Monique Robin est serrée, elle est conduite au laser, les faits sont là, indubitables, les témoignages nombreux et concordants, les écrits dévoilés, les archives décryptées. Son livre n'est pas un pamphlet nourri de fantasmes ou de ragots. Il fait surgir un réel terrifiant. Car, durant de longues années de commercialisation de ce produits -qu'il s'agisse des PCB, des herbicides à la dioxine, des hormones de croissance bovine ou du Roundup-, la société Monsanto n'ignorait rien de leur nocivité. Les documents que le livre révèle ne laissent planer aucun doute. L'entreprise a pris l'habitude d'affirmer publiquement le contraire des connaissances dont elle dispose en interne. Grâce à Marie-Monique Robin, nous savons désormais que Monsanto savait ! Oui, l'entreprise connaissait les conséquences toxiques de ses productions. Elle n'en a pas moins persévéré. Et on l'a laissé faire…» écrit M. Hulot. W. S. Le Monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin. 365 pages, éditions Socrate.