Il y a quelques années, le seul nom qui émergeait quand on parlait du sport féminin en Algérie était celui de la championne olympique de 1992 (Barcelone, Espagne) Hassiba Boulmerka qui avait rendu le sourire à des millions d'Algériens à une période où le sourire était une denrée rare dans une Algérie mise à genoux par une crise multidimensionnelle aiguë. Des années de disette ont suivi ce sacre olympique, avec un éclatant intermède animé par Nouria Benida-Merrah qui n'a pas manqué de se distinguer, en l'an 2000, lors des jeux Olympiques à Sydney en Australie où elle a arraché avec brio la médaille d'or, succédant ainsi à Boulmerka et offrant au peuple algérien une belle occasion de faire la fête. Mais c'était une période où la fameuse «main de l'étranger» était incontournable pour nos athlètes, hommes et femmes, dans la mesure où parmi les sportifs nationaux ne réussissaient que ceux qui avaient les moyens ou l'opportunité de s'entraîner au sein de clubs étrangers, européens pour la plupart, ou avec des moyens mis à leur disposition par les pays européens. Une manière de dire que, dans notre pays et durant cette période de disette économique, les pouvoirs publics accordaient peu d'importance à l'activité sportive. Et c'était tout naturellement, surtout à cause de l'hypocrisie nationale ambiante, que le sport féminin était carrément mis aux oubliettes dans la mesure où l'activité masculine était déjà le parent pauvre de la répartition des budgets, aux côtés de l'activité culturelle. Pour des responsables conservateurs et une société archaïque, il était donc plus simple d'ignorer les femmes, même si elles constituaient un véritable potentiel pour le sport national. Aujourd'hui, il est clair que, du point de vue économique, les choses ont changé de façon considérable, les caisses de l'Etat étant pleines et les signes de renaissance, d'un autre côté, étant visibles chez nos athlètes femmes. En effet, le temps semble être venu pour les responsables en charge du sport dans notre pays de se mettre à regarder un peu du côté de nos filles qui ne ratent jamais l'occasion de montrer leur potentiel. Et ce n'est pas Soraya Haddad la judoka et les volleyeuses de l'équipe nationale qui risquent de dire le contraire. Elles qui ont brillé de mille feux à l'occasion de joutes internationales, grâce à leur détermination et leur talent et non à une bonne prise en charge qui devait venir de l'Etat et qui n'est pas venue. Pourtant, les femmes sportives n'ont plus rien à démontrer et la médaille de bronze arrachée avec les tripes par la judoka béjaouie l'année dernière lors des jeux Olympiques de Pékin n'est pas le fruit du hasard, mais de la rage de gagner qui a toujours animé les athlètes algériens malgré le manque, voire l'absence de moyens et la négligence qu'ils subissent de la part de ceux qui sont censés leur réunir toutes les conditions de la réussite. Mais l'exemple le plus révélateur du talent et de la détermination de nos sportifs, particulièrement de la catégorie féminine, c'est le magnifique résultat obtenu par l'équipe nationale féminine de volleyball qui a été sacrée championne d'Afrique 2009. Avec une moyenne d'âge de 22 ans seulement, nos volleyeuses nationales ont déjà un palmarès qui fera rougir nos «mecs» de toutes les disciplines sportives, y compris le football. Vice-championnes d'Afrique et médaillées d'or lors des Jeux africains de 2007, les filles de l'équipe nationale de volley-ball, venues principalement de deux clubs, à savoir le GSP (ex-MC Alger) et l'ASW Béjaïa, ont pu, grâce uniquement à leur volonté, décrocher le titre de championnes d'Afrique de volley-ball et le ticket de qualification au championnat du monde de la même discipline qui se déroulera dans la capitale japonaise dans le courant de l'année prochaine. N'est-ce pas suffisant pour que ce grand potentiel toujours inexploité attire l'attention de tous les responsables de l'Etat ? Un potentiel que l'on ne trouve pas seulement en volley-ball, puisque même l'équipe nationale féminine du sport roi enregistre depuis quelques années de bons résultats au niveau continental mais surtout arabe puisque en 2006, l'équipe nationale féminine de football est allée en Egypte décrocher le titre de championne arabe aux dépens des Marocaines qu'elles ont battu en finale par un but à zéro. Si les pouvoirs publics montrent dans certaines circonstances des signes de disponibilité envers les femmes du monde sportif comme cela a été le cas avec l'équipe nationale féminine de football qui a pu bénéficier de plusieurs regroupements avant un match important au début de l'année 2008, cela reste de loin très insuffisant dans la mesure où le grand problème des infrastructures sportives n'est pas pris par les cornes. De même, la question de la formation qui touche les femmes mais aussi les hommes n'est pas encore prise au sérieux et par les pouvoirs publics et par les clubs. M. B.