Quelques jours seulement après son discours où il a demandé à la France de se repentir pour ses crimes coloniaux, le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, Abdelaziz Belkhadem, est revenu à la charge, hier, en affirmant que «la page de la colonisation nous l'avons tournée, mais pas déchirée». En ouverture de la première d'une série de conférences dédiées aux personnalités historiques, qui intervient à la veille de la célébration du 55e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954, M. Belkhadem a saisi cette occasion pour souligner la nécessité de sauvegarder l'indépendance du pays, «loin des envieux parmi les petits-fils de Bigeard et Soustelle, et tous ceux qui veulent blanchir l'histoire noire de la colonisation, lors de tentative médiatique ou politique».«A ces gens-là, nous réaffirmons que nous avons bien tourné la page de la colonisation, mais nous ne l'avons pas déchirée», et que «nous sommes redevables de l'indépendance envers les héros de notre peuple, lequel a enduré toutes les souffrances et enterré 1,5 million de martyrs», a indiqué en outre Belkhadem. Le nom de l'Algérie s'est toujours confondu avec le sacrifice, dira également le secrétaire général du FLN, avant d'affirmer qu'«il n'est pas question de faiblir ou de se soumettre aujourd'hui devant les complots fomentés contre le pays». «Non, clame tout haut, Belkhadem, comme les lions qui ont conduit hier la révolution, leurs enfants ne peuvent qu'êtres des lions pour sauvegarder l'indépendance du pays.» Saisissant l'occasion de cette cérémonie au cours de laquelle avait été honorée la famille de Ahmed Toufik El Madani, le SG de l'instance exécutive du FLN a, en rappelant les qualités du militant disparu le 18 octobre 1983, estimé que les valeurs qu'a défendues ce révolutionnaire et intellectuel, sont toujours d'actualité. Et les enjeux sont les mêmes aujourd'hui encore. Insistant sur la nécessité de défendre la souveraineté de la nation, il estimé par la même occasion, que «nous sommes condamnés à ce que notre sueur, avant le sang, se mélange à la terre de ce pays». Il présentera Ahmed Toufik El Madani, comme une personnalité algérienne aux dimensions maghrébines. Né à Tunis, interpellé durant la Première Guerre mondiale, il a été l'un des fondateurs du parti nationaliste tunisien Destour et compte parmi les fondateurs de l'Association des oulemas musulmans d'Algérie, et de revues, dont El Basaïr. Au cours de la révolution, il a été désigné au sein de la délégation extérieure du gouvernement algérien provisoire au Caire. Nommé ministre des Habous, (actuellement des Affaires religieuses, ndlr) à l'indépendance, Ahmed Toufik El Madani est l'auteur de nombre d'ouvrages. A. R.