De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le service de la médecine du travail du CHU de Constantine délivre un bilan périodique à la direction de la santé et de la population dans lequel il inventorie les cas de maladies dites professionnelles. Les unités implantées au Khroub, à Boumerzoug et à Zighoud Youcef prennent également en charge les premiers signes de ces maladies. «La première chose importante à effectuer lors de l'apparition d'une quelconque maladie professionnelle est de la circonscrire en limitant ses effets sur le patient et par là même empêcher d'autres d'en souffrir», explique un médecin local, ajoutant que «commencer le traitement à temps permet une prise en charge effective et bénéfique pour le malade».Evoquer les maladies professionnelles amène à faire un constat qui s'élargit d'année en année, mais qui n'a jamais été exhaustif, en témoignent les journées de sensibilisation organisées l'été dernier à Constantine par le secteur des paramédicaux qui ont appelé justement à mettre à la disposition de la médecine du travail un état des lieux. Pour éclairer sur ces maladies, il importe de les identifier. Elles se manifestent sous plusieurs formes : dangers physiques, chimiques et aussi psychologiques se traduisant par le stress en milieu rofessionnel. Elles se développent, comme le soulignent les spécialistes, sur une longue durée et ressemblent aux autres maladies survenant en d'autres circonstances. Si l'on exceptait les accidents du travail qui sont apparents, les autres pathologies contractées en usine métallurgique, cimenterie, usines de détergent… ne sont pas diagnostiquées immédiatement. A titre d'exemple, «l'asthme, résultant d'une sensibilisation à des produits chimiques au travail, est souvent faussement attribué à une exposition au domicile, ou encore le cancer causé par l'inhalation de fibres d'amiante qui se développe au bout de 20 ans au moins, et pour lequel il est alors difficile, même impossible, d'identifier la cause exacte», dira un médecin. Cette complexité requiert un arsenal assez important pour classer une telle pathologie comme émanant du milieu du travail. Il appartient aux inspecteurs du travail et aux médecins inspecteurs de localiser les «aires» génératrices de ses maux en vue d'établir une feuille de route.Dans son dernier rapport, la CNAS a livré un bilan dans lequel elle mentionne le nombre important de cas de surdité engendrés par les effets sonores des machines. En outre, elle souligne «l'existence de troubles associés, tels que le stress, l'hypertension artérielle». Si, pour les travailleurs déclarés, la maladie professionnelle est décelée précocement dès lors qu'ils doivent systématiquement se présenter dans les services de la médecine du travail pour une visite, ceux activant «au noir», restent marginalisés. Ces derniers couvent leur maladie sans en connaître l'origine. Même si les manufactures sont soumises à des contrôles, il est impossible de déterminer le nombre de travailleurs concernés. Et pourtant, les chantiers du BTH constituent la source de ces cas. «Tout travailleur devrait se rapprocher au moins une fois par an des services du contrôle médical pour une consultation de routine», confie un responsable à la direction de la santé. Malheureusement, certains travailleurs font fi de cette mesure beaucoup plus préventive et à caractère de dépistage. Cela est beaucoup plus apparent chez des personnes ne souffrant d'aucun malaise. Une autre catégorie de maladies dites professionnelles est contractée en milieu de soin. C'est-à-dire dans les unités hospitalières. Les plus touchés par cette contamination sont les paramédicaux en contact permanent avec le sang, d'où l'appellation des accidents exposant au sang (AES). Pour s'en prémunir sous peine d'être victime d'hépatite ou de virus du sida, les services multiplient les opérations de sensibilisation et appellent les responsables à doter la corporation des outils élémentaires qui leur assureraient une protection maximale.En définitive, prendre en charge comme il se doit le volet relatif à la médecine en milieu de travail pour freiner la propagation des maladies qui en résultent impose par-dessus tout une contribution volontaire des médecins, des infirmiers, des hygiénistes spécialisées, car estime-t-on, toutes les maladies du travail «sans exception» sont évitables avec la prévention et la coopération des employés.