Plus somptueuse que jamais, l'artiste Warda El Djazaïria a célébré, samedi dernier en soirée, avec les citoyens algérois le 1er Novembre. Elle a fêté ce 55ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération avec les enfants de Bab El Oued. Pour cette année, le comité d'organisation des fêtes nationales a jeté son dévolu sur la salle Atlas, une salle mythique au cœur d'un quartier populaire tout aussi mythique. La première partie de la soirée est animée par l'orchestre symphonique national en compagnie de sa chorale. La salle est archi-comble. Plusieurs personnalités diplomatiques sont présentes parmi le public. Le chef d'orchestre, M. Saouli, se présente et donne le top à ses musiciens qui jouent Min djibalina. La chorale enchaîne les chants patriotiques et les chansons révolutionnaires. L'instant est fort. De nombreuses personnes accompagnent l'orchestre et la chorale en fredonnant les chansons qui ont bercé leur enfance. Une dame âgée venue avec sa famille ne manquera toutefois pas de faire sa petite critique : «C'est toujours les mêmes chansons. Les artistes d'aujourd'hui n'ont rien apporté à la chanson nationaliste et pourtant ils ont le potentiel.» La scène est joliment décorée. La scénographie est signée Halim Rahmani. En arrière-plan, le drapeau national est projeté ainsi que plusieurs images porteuses d'espoir. La chorale fera en une heure le tour des chansons nationales pour clôturer avec Ya chahid el watan. Et c'est au tour de la star de la soirée et de toujours : Warda El Djazaïria. Vêtue d'une robe de soirée couleur bronze, la grande dame monte sur la scène d'un pas mesuré, avec un sourire qui dit son bonheur de revoir son public. Des youyous emplissent la salle. Modestement, elle salue la chorale et demande au public de l'applaudir. «La chorale m'a impressionné. Elle est vraiment d'une grande qualité», déclara-t-elle avant de présenter son nouveau chef d'orchestre, le joueur de «qanoun» Madjed Sourour, qui se révélera comme un véritable virtuose. Les premières notes montent. Warda commence avec le titre Ya Djazaïr, que l'auditoire affectionne particulièrement. D'ailleurs, il redemandera à l'artiste, en bis, la seconde version du titre. Warda s'efforcera de satisfaire ses nombreux fans, et elle réussira, à l'intérieur comme à l'extérieur de la salle. Car, dans le quartier de Bab El Oued jouxtant la salle Atlas, les familles se sont installées sur leurs balcons pour écouter Warda grâce aux enceintes acoustiques installées alentour. Les youyous provenaient de partout. Mais l'ambiance atteindra un autre sommet à minuit avec les feux d'artifice depuis la place El Kettani, illuminant la capitale de mille feux multicolores, où une scène a été également installée pour plusieurs représentations artistiques. Le ciel de Bab El Oued s'est embrasé, des couleurs aveuglantes qui éclairent les façades délavées des immeubles. Des coups de canon clôtureront la soirée et marquent ce 55e anniversaire du 1er novembre 1954, une date qui a vu tout un pays se lever pour marcher vers son destin. W. S.