Jeudi dernier, il y avait foule au stand «Esprit Panaf» du 14ème Salon international du livre d'Alger (SILA). Entre exposition de livres, atelier de dessin africain de «4 à 99 ans» et spectacle de conte, de danse et de musique africaine au rythme de l'accordéon, les visiteurs, tous âges confondus, se bousculaient pour la redécouverte de leurs africanité. Conteur et danseur enthousiaste, le Congolais Jorus Mablala, présent au stand, a déjà participé dans les pays d'Afrique, en Europe et en Algérie à de nombreux festivals de conte à l'instar du Felivre 2009, du Festival de conte à Oran et au Racont'art de Bouzeguene, à Tizi Ouzou. Au 14ème SILA, il a présenté plusieurs ouvrages, dont celui intitulé Contes et poésie d'Afrique édité en Algérie en collaboration avec l'association le Petit Lecteur d'Oran. A propos de son écriture en tant que conteur, il confie que «cela fait quinze ans que je travaille avec le conte. Je laisse les recueils de contes aux écrivains, personnellement j'écris le conte de la façon dont je le raconte, quand j'écris un conte dans le livre comme si j'étais autour d'un feu dans une nuit de conte. C'est une causerie entre le lecteur et moi» ; Il explique à propos de l'importance du conte et de l'oralité dans la culture africaine que «le conte africain est de tradition orale, ce n'est pas juste pour faire dormir les enfants. Mais c'est notre façon à nous, les Africains, de nous exprimer. C'est le langage d'Afrique, c'est le mystère de l'Afrique. On ne peut pas considérer le conte africain comme un vulgaire objet pour faire dormir les enfants. On a aussi des combats que nous menons sur les problèmes de nos sociétés. Et l'Afrique est basée su l'oralité. Notre poésie, notre théâtre, nos nouvelles, nos romans sont basés sur le conte et notre vie est un conte. Le conte d'Afrique est universel dans l'Afrique.» Il y a quelques années, Jorus Mabiala, après une formation de danseur et comédien, décide de se consacrer au conte et crée, avec d'autres artistes, la compagnie Africa Graffitis en 1996 et en 2000 le Festival international de l'oralité Retour au Mbongui. Il confie que «mon éducation s'est faite au rythme des histoires de mon père qui, pour chaque chose, a une histoire à conter…». Sur son blog, on peut lire que Jorus Mabiala est l'un de ceux qui portent la culture bantu : «Il sait que les contes du peuple bantu apportent des réponses aux questions que se pose l'humain. Au travers des proverbes, des devinettes et des petites fables, dans le rythme où le geste et le chant accompagnent les mots.» Sur l'importance de l'ancrage de la culture orale dans la modernité, il explique : «Notre génération a l'avantage de garder notre héritage culturel oral en tête mais aussi de le transcrire grâce à l'écriture et à le sauvegarder grâce à l'utilisation des nouvelles technologies. Ce n'est pas une dégradation mais simplement utiliser les moyens modernes pour perpétuer nos traditions basées sur l'oralité.» Il conclut sur la forte affluence des visiteurs au Stand Esprit Panaf du 14ème SILA, en soulignant : «Il y a vraiment une réelle soif de la découverte de la littérature africaine. Ce n'est pas seulement de l'intérêt mais aussi de la curiosité. C'est le seul pays en Afrique où les gens consomment le livre ; la preuve, la plupart des ouvrages qui étaient présentés dans ce stand sont en rupture de stock.» S. A.