Bien avant l'adoption de la loi de finances complémentaire 2009 qui a suscité un débat houleux ayant touché de l'avis des experts «des intérêts puissants», le gouvernement avait commencé à resserrer les vis en matière d'investissement étranger. Ce resserrage s'est traduit, en 2008, avec l'annonce d'une série de mesures destinées à accroître le contrôle de l'Etat sur les opérations menées par les sociétés étrangères dans le pays et, en parallèle, le transfert des devises. Il faut dire que les opérations et les fusions secrètes opérées par certains groupes étrangers, en Algérie, n'ont pas été du goût du gouvernement. Les maigres résultats de certaines opérations de privatisation, à l'image de ceux de l'Entreprise nationale des gaz industriels (ENGI), rachetée, faut-il le rappeler, en 2007, par l'allemand Linde, ont poussé les décideurs économiques à revoir leur copie. Ouyahia, dans l'une de ses sorties médiatiques au début 2009, a carrément parlé de l'échec de cette privatisation pour justifier les mesures annoncées par le gouvernement en matière de transfert d'argent. Selon lui, Linde n'a pas respecté les engagements contractuels, créant une tension sur l'approvisionnement des hôpitaux et les structures sanitaires en gaz à usage médical mais s'enrichissait en parallèle. Quelques mois après cet épisode, la loi de finance complémentaire 2009 (LFC 2009) est venue renforcer le plan gouvernemental pour la protection de l'économie nationale. Suppression du crédit à la consommation et obligation de l'utilisation du crédit documentaire (Credoc) pour les opérations d'importation des matières premières sont parmi les principales dispositions contenues dans la LFC 2009. Des dispositions qui ont «gêné» de nombreux acteurs sur la scène économique nationale. Si la première mesure a touché les intérêts des banques étrangères et des concessionnaires automobiles, qui ont réussi en l'espace de quelques années à réaliser des gains considérables dans le marché algérien, la deuxième mesure n'a fait que dévoiler les facilités avec laquelle s'opéraient les importations qui se faisaient par le biais du transfert libre d'argent. C'est aussi une manière de freiner les opérations de blanchiment d'argent. Sinon, pourquoi les pseudo importateurs se sont-ils soulevés contre cette formule, la plus usitée pourtant dans le monde vu son rôle dans la sécurisation de l'importateur et de l'exportateur en même temps ? Par la suite, d'autres mesures ont suivi dans le but d'assainir le commerce extérieur où les pratiques déloyales ont causé des ravages à l'économie nationale avec les fraudes en série dont la chasse aux acteurs principaux s'annonce des plus longues, en raison de la multiplication des réseaux de trafic dans différents secteurs. Un trafic qui n'a épargné aucun secteur pratiquement ces dernières années, notamment sur le plan fiscal.D'où l'accent dans le projet de loi de finances 2010 sur la baisse de la pression fiscale et le soutien des PME pour «conforter la démarche du gouvernement en matière de réduction de la pression fiscale et de lutte contre la fraude et l'évasion fiscales», comme l'a souligné le ministre des Finances, Karim Djoudi. S. I.