Les Algériens ne sont pas près d'oublier l'arrivée de l'équipe nationale, ce jeudi 12 novembre, dans la capitale égyptienne. La nouvelle de l'agression du bus de l'équipe nationale pris pour cible par des supporters égyptiens, causant des blessures à quatre joueurs et un membre du staff technique, a changé de fond en comble l'ambiance qui régnait aux quatre coins du pays. Au-delà de ce gravissime incident, les Algériens ont assisté, la mort dans l'âme, à une défaite d'un autre genre. Celle des images. Au moment où les médias lourds égyptiens, toutes tendances confondues, s'échinaient à défendre l'indéfendable et mettre sur pied toute une mise en scène pour assurer la défense de leurs services de sécurité dont la défaillance est plus qu'évidente, les Algériens étaient, eux, obligés de surfer sur le Net et de se rabattre sur les chaînes occidentales et arabes à la quête de la moindre information sur cet incident et sur l'état de leur sélection nationale. La télévision algérienne, qui a dépêché, depuis quelques jours, plusieurs équipes au Caire pour la couverture de cet événement sportif exceptionnel, ne disposait, bizarrement, d'aucune image. Le traquenard a été révélé d'abord par des médias étrangers avant d'être confirmé dans le journal de 19h sur Canal Algérie par le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports. Toujours pas d'images. La seule image à laquelle ont eu droit les millions de téléspectateurs obligés de suivre «l'unique», c'est celle de l'arrivée tranquille des joueurs à l'aéroport. Rien d'autre. La télévision algérienne n'a même pas repris les images qui circulaient sur le Net et qui étaient diffusées par de nombreuses chaînes, dont Al Jazeera. La radio algérienne ne disposait pas non plus de comptes-rendus vivants de son envoyé spécial qui ne se trouvait pas sur les lieux au moment de l'incident. Un vrai black-out. Pendant ce temps, les joueurs algériens livraient leurs témoignages à des correspondants de la presse étrangère. Mieux, à bord du bus qui transportait la sélection nationale vers l'hôtel se trouvait une équipe d'une chaîne de télévision française privée qui, elle, a réussi à filmer l'agression. Une présence qui ouvre la voie à d'autres interrogations. Comment se fait-il qu'aucune équipe de la télévision algérienne n'était à bord du bus et que d'autres, étrangères, s'y trouvaient ? Comment les médias lourds qui sont en force au Caire n'ont-ils pas réussi à recueillir le moindre témoignage alors que d'autres chaînes étrangères, notamment RMC, i-Télé et Canal+ les diffusaient à profusion ? En termes de discours, c'est encore plus consternant. Mis à part la réaction du ministère des Affaires étrangères, propre à toutes les diplomaties dans des situations de tensions, celle des autres responsables consistait à minimiser l'incident. Une attitude inexplicable, qui ne pouvait profiter qu'aux Egyptiens disposant déjà de l'avantage de la richesse de leur champ médiatique, notamment audiovisuel. Une fois de plus, on constate que l'Algérie ne sait pas gagner les batailles médiatiques. Une fois de trop, les Algériens assistent passivement à la faiblesse de leur riposte officielle. La passivité de nos médias lourds et la mollesse des déclarations officielles, devenues, du reste, traditionnelles, laissent tout le pays en proie à un double ressentiment. Celui de l'agression dont a été victime l'équipe nationale et celui de l'incapacité des responsables et des médias lourds à donner la bonne réplique à leurs adversaires. G. H.