Le gardien international de l'ES Sétif a réussi un match époustouflant au stade d'El Merrikh de Khartoum, portant son équipe à bout de bras au prix d'arrêts spectaculaires et exceptionnels. Dans le duel à distance qui l'oppose à Lounes Gaouaoui au poste de titulaire en équipe d'Algérie, Fawzi Chaouchi a indéniablement marqué des points mercredi soir contre l'Egypte. Auteur de plusieurs arrêts décisifs, l'ex-gardien de but de la JSK a évité le pire à son équipe, même si par modestie il minimisait son rôle. «Je n'ai pas envie de me mettre en avant. Le collectif passe avant tout. Il y a des soirs où les ballons sont un peu plus proches de nous autres gardiens. Ça fait partie de la réussite ; ce soir, j'en ai eu un peu», expliquait le portier des Verts. Après la victoire face aux Pharaons, on avait un avis plus tranché sur la performance du gardien de but de l'équipe d'Algérie. «Encore une fois, Fawzi nous a maintenus dans le match». Ses prouesses et ses arrêts spectaculaires ont découragé les Pharaons ; l'excellent portier algérien Chaouchi, qui a dû remplacer au pied levé Gaouaoui, le titulaire au poste (suspendu pour ce match), n'a pas démérité. Le portier de l'ES Sétif a d'abord capté proprement la déviation de la tête de Moawad (4e) avant de dévier, du bout des gants, une frappe d'Al Muhammadi (33e). Il ne s'arrêtera pas là en s'interposant avec brio devant Aboutrika sur une frappe de demi-volée qu'il repoussera in extremis devant sa ligne de but ! Il a démontré à chaque assaut égyptien que le costume de sauveur lui va mieux que la chasuble de remplaçant. C'est lui qui enverra les supporters algériens présents à Khartoum au septième ciel ou plutôt sur la planète Mars, la traduction littérale d'«El Merrikh», le nom de l'enceinte qui abritait la rencontre. Les chasseurs de talents étaient tout aussi épatés. «Il confirme toutes ses qualités de match en match. S'il n'y avait pas eu Fawzi dans les buts, on aurait mis plus d'un but», expliquait Aboutirka au correspondant d'El Jazeera à Khartoum. Il constatait lui aussi qu'il avait largement contribué à maintenir à flot son équipe. «Il faut reconnaître qu'en face on est tombé sur un grand gardien. Il n'est pas en équipe d'Algérie pour rien. Les Verts s'en tirent bien ce soir», constatait l'entraîneur d'El Merrikh. Recrue phare de l'Entente de Sétif, si l'on excepte le cas de Diss, l'ex-portier de la JSK semble déjà faire partie des meubles du club Algérie. A la veille d'une CAN qui s'annonce chaude et qui verra les Verts se mesurer aux ténors africains, le nouveau keeper s'impose comme le patron des Fennecs du désert. Sur les pas de Mehdi Cerbah qu'il considère comme «un guide» La nouvelle coqueluche des Verts s'accommode plutôt bien du lourd héritage des gardiens algériens. Il aurait donc plusieurs vies sportives -professionnelles s'entend- à son crédit. Dans un entretien accordé à un journaliste d'El Jazeera, le gardien de l'ES Sétif s'est contenté de dire : «Mon parcours est fait de plusieurs petites carrières.» Des carrières brillantes et concluantes, lui qui est venu d'un petit club de division inférieure, qui s'est toujours relevé pour mieux repartir, mieux rebondir, quels qu'en furent les obstacles. Deux fois contraint à l'exil, à Tizi Ouzou d'abord pour se construire, puis à Sétif après avoir, tant bien que mal, marqué de son empreinte la JS Kabylie, le club qui l'a révélé, Chaouchi a su faire des temps morts de sa jeune carrière une force, ne perdant jamais de vue son objectif initial : s'imposer dans un grand club et en équipe nationale. Ce challenge, si le club de ses amours, la JSBM, n'a pu le lui offrir, la JSK ne s'est pas fait prier pour le lui apporter sur un plateau. Et «quand on a été au fond du trou et qu'on a 23 ans, c'est le genre de propositions qu'on ne peut pas laisser passer», dixit l'intéressé. Pour sa deuxième apparition en sélection nationale, après celle face à l'Uruguay en match amical en août dernier, Chaouchi a fait montre de tout son talent, prouvant à tous les puristes qu'il avait les qualités, mais aussi la maturité nécessaire pour briller au plus haut niveau international, lui qui a été injustement blâmé pour des erreurs de jeunesse. A maintes reprises, aussi bien avant l'ouverture du score des siens qu'après, ce natif de Bordj Ménaïel (50 km à l'est d'Alger), âgé à peine de vingt-quatre ans, a frustré tous les attaquants égyptiens. En signant une superbe envolée sur une tête de Moawad dès la 3e minute, il s'est offert la dose de confiance qui lui était nécessaire pour ensuite maîtriser son sujet avec beaucoup de brio et sans jamais trembler face à la pression des Pharaons. Dans la lignée des Kadri, Drid, Osmani et Bentalaa De fait, celui qui fut la saison dernière le portier de la meilleure défense du championnat, celle de la JSK, s'évertue depuis ses premiers pas avec le maillot kabyle à rendre la confiance que les dirigeants de la ville des Genêts lui ont accordée. Pas simple, forcément, quand on arrive dans un effectif champion d'Algérie et donc bien rodé, habitué à évoluer sous le regard bienveillant de Mahrez ou d Amara, une figure quasiment historique du club. «Pour les gens de ma génération, Mourad Amara est la première personne à laquelle on pense quand on parle des gardiens de but à Tizi Ouzou», admettait Fawzi lors de sa signature, avant de découvrir son aîné comme «un guide», quelqu'un avec qui il «parle beaucoup», dans une confession faite à El Jazeera. Peut-être un temps écrasé par le lourd héritage d'un gardien double champion d'Algérie, le fils de l'ex-portier de la JSBM a ainsi mis à profit toute la période de préparation pour trouver ses marques dans la surface égyptienne, gardant son courage, son sang-froid lors de cette première sortie dans un match capital. «J'ai été bien mieux face à l'Egypte mais il nous faut encore un peu de temps, concédait d'ailleurs le Sétifien à l'issue de la 2e levée. Les matches sont vite arrivés, nous sommes encore en pleine préparation malgré le début du championnat.» A l'origine de ce léger contretemps en passe d'être allègrement rattrapé, à en juger les prestations du dernier rempart algérien contre les Pharaons, la volonté de la part de Chaouchi d'imposer sa griffe dans sa zone d'intervention. Une intention louable nécessitant naturellement l'adhésion de sa garde algérienne, donc un peu de temps. «Il veut une défense qui ne recule pas trop et reste haut le plus longtemps possible», mouchardait dernièrement son ex-coéquipier Hadjaoui. Fawzi devrait être fin prêt pour succéder aux Bentalaa, Cerbah, Kadri ou Osmani, lui qui ne cachait pas son «ambition d'être dans la grande lignée des gardiens algériens» à son arrivée à la JSK. L'Algérie s'est donc qualifiée mercredi dernier pour la troisième fois de son histoire à une Coupe du monde. Les Verts ont écarté l'Egypte (1-0), leur dernier obstacle et, pour cela, ils peuvent surtout remercier Fawzi Chaouchi, auteur d'un match phénoménal. C'est la joie et la fierté qui vont l'envahir. La cerise sur le gâteau serait que José Anigo et l'Olympique de Marseille concrétisent l'intérêt qu'ils lui portent, eux qui le suivent depuis plusieurs mois déjà. Après avoir longtemps vécu dans l'ombre de Gaouaoui, Chaouchi a découvert en ce mercredi 18 novembre 2009 les feux de la rampe et tout porte à croire que sa belle éclosion le prédestine à un avenir radieux. Y. B.