«Un permis de prudence», tel est l'intitulé du projet que compte lancer prochainement la Fondation Mahfoud Boucebci (recherche et culture). L'annonce a été faite, hier à Alger, lors d'une journée d'étude sur la maltraitance, portant notamment sur «la réduction de la violence en milieu scolaire», un projet financé par l'Union européenne. Ce projet, selon ses initiateurs, est un outil pédagogique destiné à l'enfant et à l'enseignant pour la prise en charge de la petite enfance contre tout acte de maltraitance. Elaboré avec le concours d'enfants et de spécialistes, ce projet contribuera avec beaucoup d'intérêt à inculquer aux enfants, notamment les écoliers, certains gestes et comportement qui les aideront à se protéger dans quelques cas d'abus ou d'agression. A titre d'exemple, apprendre à l'enfant de ne pas monter dans la voiture d'un étranger, à ne pas fréquenter les toilettes publiques, à ne pas s'éloigner avec des inconnus et bien d'autres conseils à prendre en considération et qui protégeront la petite enfance de tous les dangers. Plusieurs conférenciers ont pris part à cette journée d'étude, entre autres maître Nadia Aït Zaï du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (CIDDEF), Mme Doria Merbtine, représentante de l'Unicef, M. Aïssa Kasmi, représentant de l'Office national de lutte contre la toxicomanie (ONLT), M. Amar Kouadri du ministère de l'Education nationale, Mme Hadjira Aït Mahdi du ministère de la Famille et de la Condition féminine et M. Arrar Abderahmane du Réseau Nada. Au cours de son intervention, la directrice du CIDDEF a rappelé l'existence de textes juridiques relatifs aux droits de l'enfant, estimant qu'il faut les réévaluer et les adopter. «Le code pénal existe et protège l'intégrité physique de l'enfant, mais il faut réévaluer ce mécanisme en fonction de l'évolution de la société. La règle de droit se fonde sur les faits sociaux», précise la juriste. Elle a également évoqué l'absence au sein de la famille algérienne de la culture du signalement et de dénonciation qui n'est pas une obligation dans le code pénal mais il existe, dira-t-elle, des textes qui le stipulent. De son côté, M. Aïssa Kasmi, représentant de l'ONLT, a tiré la sonnette d'alarme quant à la consommation élevée de drogue, notamment chez les jeunes, faisant savoir que 84,85% des personnes impliquées dans des affaires de drogue sont des jeunes de moins de 35 ans et 96% des toxicomanes ont commencé par la cigarette, ensuite le cannabis, la cocaïne, l'héroïne, l'ecstasy puis c'est l'enfer. Et d'ajouter que 91% des toxicomanes ont goûté à l'alcool et plus de 25 000 ont subi des cures de désintoxication en dix ans entre 1999 et 2008. Il a également fait savoir que l'Algérie est en danger réel, vu l'évolution inquiétante de ce fléau qui touche la jeunesse. Le représentant de l'ONLT a avancé quelques chiffres relatifs à la quantité de drogue saisie ces trois dernières années. En 2008, 38 tonnes ont été saisies, en comparaison à 2007 avec 16 tonnes, alors qu'en septembre 2009, 52 tonnes ont été saisies. Il a, dans ce contexte, souligné que «l'Algérie est un pays de transit de la drogue depuis de longues années, de consommation et, depuis quelque temps, de culture de cannabis dans plusieurs wilayas». Et de préconiser : «Donner da la valeur à la jeunesse est important» car cela lui permettra de se débarrasser de ces poisons suicidaires et mortels. Les débats se poursuivront mais la question posée relativement dans ce sens n'a pas encore eu de réponse : «Faut-il aujourd'hui protéger la société contre la jeunesse ou protéger la jeunesse contre le danger dont la société est la principale cause ?» N. B.