Photo : S. Zoheïr Par Nasser Hannachi En 1982 et 1986, la troupe El Bahara et le chanteur Rabah Deriassa avaient donné leur voix au onze national avant son expédition en terres ibérique et mexicaine. Djibouha ya louled et Hey, ho, mabrouk alina, deux titres d'anthologie consacrés à l'évènement planétaire dans lequel était plongé tout un peuple, ont conquis le cœur des Algériens. Point de place pour les pamphlets. Seuls les encouragements sains destinés à l'équipe nationale étaient émis par les cordes vocales de ces artistes. Une façon de nouer une liaison, voire une communication directe entre les joueurs et tout un peuple. Après plus de deux décennies, cet engagement artistique aura survécu aux différentes tracasseries par lesquelles le football algérien est passé. Toujours le même engouement se manifeste pour soutenir en chant et en musique les couleurs nationales. Le récent parcours des Verts dans ces éliminatoires jumelées (Coupe d'Afrique et Coupe du monde) a été balisé de mélodies et de chants dynamiques et stimulants. Le succès rassembleur «One, two, three, viva l'Algérie» chanté en duo mixte vient ainsi insuffler un double amour patriotique dans un contexte sportif et de fair-play loin des diatribes. En fait, la scène musicale algérienne s'est adonnée à un véritable récital agrémenté finement, sans «méchanceté», faut-il le souligner, avec des phrases dialectales et des rythmes divers. Des mélodies parfois calquées sur d'autres tubes - tout semble permis dans une fête sportive, comme cela fut le cas pour l'équipe de France championne du monde en 1998, I will survive de Gloria Gaynor a été adopté pour la circonstance. Dans aucun couplet, les chanteurs algériens n'ont porté atteinte à leur adversaire. La chanson Algérie mon amour ne compte pas le moindre dérapage. On n'en dirait pas autant des Egyptiens qui s'illustrent par une déplorable absence de fair-play, leur élimination leur restant en travers de la gorge. Le pays des Pyramides confirme qu'«Oum Edounia» n'a pas respecté les règles du jeu. Elle a dépassé toutes les limites de civisme, bienséance et de respect. Ses ondes et ses écrans descendent en flammes tout un peuple, toute une nation parce que leur équipe a gagné, en toute régularité, un match de football. Les pseudo-artistes égyptiens n'ont pas fait montre de retenue et ont révélé un visage de pyromane, à des fins politiques, loin de l'action culturelle. Plus matures, plus responsables et plus honnêtes, les artistes et hommes de culture algériens ne sont pas tombés dans cette attitude haineuse. La riposte locale est professionnelle et a mis à nu tous les dépassements des Egyptiens. Chanteurs, peintres, poètes et autres écrivains algériens ont rendu, de la manière la plus admirable, la monnaie de leur pièce aux Egyptiens, en silence, laissant l'amateurisme et l'indélicatesse de ces derniers, engagés dans ce combat haineux, amonceler autant de maladresses qui ne feront pourtant pas passer la pilule à Oum Eddounia et aux Moubarak, père et fils, qui espéraient tant capitaliser une victoire dont les Algériens les ont privés… d'où cette haine.