Des campagnes de sensibilisation sur le danger du kyste hydatique ont été organisées par différentes communes à travers le pays, appuyées par des spots publicitaires à la radio et à la télévision. Des médecins vétérinaires ont donné des explications assez intéressantes sur le mal et son origine et des citoyens assez nombreux se sont montrés intéressés par la question. Ils ont demandé de plus amples informations sur le parasite et se sont renseignés sur les précautions à prendre face au risque de contamination. N'empêche que peu de personnes semblent avoir appliqué les recommandations des services concernés et beaucoup ignorent ce qu'est le kyste hydatique. L'Aïd est passé, des millions de moutons ont été égorgés -dans de bonnes ou de mauvaises conditions, c'est selon- mais le spectre du mal est là. Des personnes pourraient être contaminées par le parasite, au moment présent ou dans un proche avenir en raison du non-respect des consignes. Spécialiste en communication de la santé, Djamel Eddine Oulmane rappelle que cette maladie du kyste hydatique existe tout au long de l'année. Elle a pour origine un petit ver (type tænia) qui parasite un carnivore (en particulier le chien). C'est une pathologie qui va du mouton au chien et du chien à l'homme. Le Dr Oulmane précise que les chacals, les chèvres, les vaches, les chameaux et d'autres animaux peuvent être concernés par cette maladie. Pour en revenir au cycle du parasite, le spécialiste en communication de la santé rappelle que le ver en question vit, se développe et pond ses œufs dans l'intestin d'un carnivore (chien). Ces œufs se déposent sur le sol et la flore par les déjections évacuées par le carnivore. Un herbivore (mouton) s'infestera en ingérant de l'herbe contenant les œufs de ce parasite. Ces œufs donneront des larves qui se fixeront et s'enkysteront dans les organes de cet herbivore (le foie et le poumon de façon particulière). Après l'abattage de cet herbivore, un carnivore ingèrera les abats infestés de kystes si aucune précaution de destruction des abats n'est prise après l'abattage. Les larves de ces kystes vont continuer leur développement dans les intestins du chien. L'homme pourrait être contaminé par le parasite de façon tout à fait accidentelle. Selon Dr Oulmane, il y a deux voies de contamination pour l'homme : la voie directe qui permet au chien de transmettre les œufs de ses parasites en léchant l'homme ou en se faisant caresser par ce dernier et la voie indirecte quand l'homme ingère des plantes (légumes, salades…) contaminées par les déjections d'un chien parasité ou quand une personne entre en contact avec de la terre, de l'eau ou des objets souillés par un chien. Chez l'homme, le kyste hydatique pourrait se développer au niveau d'organes vitaux tels que le foie, les poumons, les reins, le cerveau, etc. Lorsqu'un de ces organes est contaminé, une intervention chirurgicale assez lourde devient indispensable pour sauver l'homme d'une mort fatale. Le Dr Oulmane soutient que l'Aïd, par le sacrifice massif de centaines de milliers de moutons, voire des millions, constitue un moment à haut risque. Pour cause, des milliers de chiens pourraient être infestés de kystes jetés dans la nature sans aucune précaution. Pour éviter que les chiens soient un danger potentiel pour l'homme, les citoyens qui égorgent le mouton du sacrifice doivent faire preuve d'une extrême vigilance par un geste tout à fait banal : s'ils suspectent les abats, il faut détruire ces derniers par le feu ou les enterrer profondément après les avoir traités avec un produit détruisant les matières organiques (esprit de sel…). Un réflexe que beaucoup ont oublié et d'autres ignoré et ignorent toujours. Il est aussi nécessaire d'insister sur les règles d'hygiène en rapport avec la maladie : se laver régulièrement les mains et rincer les plantes et les crudités avant leur consommation. Tout comme il est important d'éviter le contact physique avec les chiens suspectés et de faire suivre ceux domestiques par les services de santé animale. Les chiens errants, nous ne cesserons jamais de le dire, sont les principaux vecteurs de nombreuses maladies, dont justement le kyste hydatique, et doivent donc être nécessairement éliminés. K. M.