Photo : Riad Par Amel Bouakba L'Algérie compte 4 045 personnes porteuses du virus (VIH) et 1 011 personnes ayant développé la maladie. Ce sont les derniers chiffres officiels communiqués à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée aujourd'hui, 1er décembre. Mais ces chiffres sont loin de refléter la réalité en l'absence de dépistage précoce, régulier et systématique de la maladie, a indiqué le professeur Abdelwahab Dif, chef de service à l'hôpital Laadi Flici (ex-El Kettar) et président du Comité national de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et sida (CNLIST-SIDA). L'épidémie du VIH/sida progresse à un rythme inquiétant. «Ainsi, 114 nouveaux cas de sida ont été enregistrés durant le premier semestre 2009, ce qui est pratiquement le double des cas enregistrés durant l'année 2008 [60 cas]», dira-t-il, ajoutant que, pour le seul premier semestre de l'année en cours, 553 cas séropositifs ont été recensés contre 585 l'année dernière. Selon ce spécialiste, la prévention demeure le seul moyen de faire face à cette maladie et de freiner sa propagation, même si, a-t-il reconnu, «le nombre des personnes infectées en Algérie est nettement inférieur à celui enregistré dans d'autres pays». Il ajoutera que le sida n'est pas seulement un problème de santé, il est devenu depuis 1995 une charge sociale». Ainsi, expliquera-t-il, «si la prise en charge thérapeutique du malade était la prérogative du ministère de la Santé, la prise en charge psychologique et sociale est le devoir de la société tout entière». Le professeur Dif a, d'autre part, déploré «la situation des personnes touchées par le sida qui se présentent pour des soins à un stade très avancé de la maladie, ce qui rend le traitement difficile nécessitant une prise en charge beaucoup plus psychologique que thérapeutique». Il a, dans sens, insisté pour la formation de psychologues spécialisés dans les maladies graves comme le sida, ajoutant que la majorité de ces spécialistes refusent de prendre en charge cette catégorie de malades. S'agissant de l'accès aux traitements, ce spécialiste a exprimé sa satisfaction quant à la disponibilité de la trithérapie dispensée aux patients gratuitement. Le Pr Dif a, en outre, qualifié de «positives», les lois qui obligent les nouveaux mariés à effectuer des analyses pour le dépistage des maladies infectieuses car, a-t-il dit, elles protègent la société de la propagation de ces fléaux. Il a par ailleurs mis en exergue l'intérêt des campagnes de sensibilisation afin de mieux informer la population et de lutter contre cette maladie mortelle. Le Pr Dif a rappelé certaines mesures qui contribuent à stopper la propagation du sida, comme la prise en charge de la femme enceinte pour éviter la transmission du virus à l'enfant, précisant que 80 nouveaux-nés ont été protégés jusque-là de la contraction du virus de mères séropositives. La prolifération de la prostitution non contrôlée, la migration et l'échange de seringues entre toxicomanes, sont, entre autres, les facteurs dangereux qui contribuent à la propagation du virus HIV, indiquera encore ce spécialiste. Selon lui, la création d'un conseil national qui regroupe sous sa bannière l'ensemble des ministères et institutions nationales aux côtés du secteur privé et de la société civile est nécessaire. Il permettra la mise en place d'un programme national de lutte contre le virus HIV, la consolidation de la relation avec les institutions internationales et de bénéficier du soutien nécessaire dans ce domaine. Plusieurs activités sont prévues aujourd'hui. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé hier, à la veille de la Journée mondiale du sida, de donner plus tôt des traitements antirétroviraux aux personnes séropositives, avant même l'apparition de symptômes de la maladie.