Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa La 13e tripartite s'est ouverte hier à la résidence Djenane El Mithak à Alger. Reportée à deux reprises, la rencontre entre le gouvernement, l'organisation syndicale et les organisations patronales a inscrit sept points à l'ordre du jour, dont la très attendue augmentation du SNMG, lequel, et au moment où nous mettons sous presse, n'a pas encore été déterminé. Cela même si l'on sait que le principe d'un salaire minimum garanti de 15 000 DA est arraché. Toutefois, il pourrait être fixé à 16 000 DA. C'est du moins ce à quoi voudrait arriver la Centrale syndicale qui avait tablé dans un premier temps sur un SNMG à 18 000 DA qu'elle a jugé insuffisant dès lors que l'étude qu'elle a réalisée sur le pouvoir d'achat des Algériens a conclu à la nécessité d'élever le salaire minimum à 32 000 DA. Toutefois, 16 000 DA restent en deçà des attentes et mettent l'UGTA dans une position peu confortable au vu de ce qu'ont pu obtenir les syndicats de l'éducation nationale. Pour sa part, le patronat (les six organisations confondues) n'a pas fait beaucoup d'effort, préférant rester sur les traditionnels 2 000 DA cycliques. Ainsi, il n'a pas été au-delà de 14 000 DA dans sa proposition. Non sans conditions, tout de même indirectes. Cela a d'ailleurs transparu dans les interventions des différentes organisations patronales lors de la séance d'ouverture. L'assistance a en effet eu droit à une multitude de critiques à l'endroit des pouvoirs publics, accusés de ne pas faire assez pour l'entreprise algérienne. Les patrons ont remis sur le tapis les taxes, l'environnement de la PME, la mise à niveau, le système bancaire et l'octroi des crédits -encore archaïque à leur goût- la fiscalité, le rééchelonnement de la dette des entreprises, l'effacement des agios. La loi de finances complémentaire s'est taillée la part du lion dans les interventions, dont certaines ne manquaient pas de virulence, à l'image de celle du président de la Confédération nationale du patronat algérien. Il est reproché au gouvernement de ne pas avoir procédé à des consultations, voire à l'organisation d'une tripartie pour discuter de la LFC avant de la présenter au Parlement avec ses deux chambres. Le crédit documentaire a été particulièrement dénoncé par les patrons privés qui ont reproché au gouvernement une absence totale de stratégie pour la petite et moyenne entreprise. Occultant par là l'ensemble des dispositions législatives et réglementaires prises depuis plusieurs années pour venir en aide justement aux PME et leur permettre de se redynamiser et contribuer à la croissance économique. Toutefois, pas une seule organisation, partie à la tripartite, n'a abordé le volet production et productivité, encore moins le nombre d'emplois et des richesses créés par leurs entreprises, se limitant exclusivement à faire dans les complaintes et les lamentations. D'ailleurs, durant leurs interventions, le sourire n'a pas quitté le visage du Premier ministre qui semblait signifier aux patrons qu'ils ne savaient pas de quoi ils parlaient. Lui qui, dans son allocution d'ouverture, a mis l'action sur la consolidation du pacte économique et social. Il a indiqué que la tripartite se tient à un moment particulier. Il s'agit, selon le Premier ministre, de celui de «voir l'Algérie parachever cette année, un programme quinquennal qui a mobilisé des ressources énormes et fait accomplir au pays des progrès incontestables dans tous les domaines». M. Ouyahia reviendra sur la crise financière mondiale qui a affecté sensiblement nos recettes pétrolières. Pour sa part, le secrétaire général de l'UGTA a mis d'abord en vedette l'équipe nationale et l'exploit qu'elle a réalisé en se qualifiant au Mondial 2010. Abordant le volet économique et la crise financière, il dira que celle-ci «doit être considérée comme un stimulant pour optimiser le consensus à accroître la mise en place d'un tissu industriel public et privé qui, outre l'appui de l'Etat, devra mobiliser l'ensemble des acteurs pour dynamiser notre économie nationale et son adaptation aux exigences d'une économie compétitive et moderne, en un mot, projeter notre économie dans une sphère productive créatrice de richesses qui garantiraient un revenu décent aux travailleurs et à leurs familles». L'autre point inscrit à l'ordre du jour de cette tripartite est relatif aux allocations familiales. Un sujet récurrent. Puisque le gouvernement l'a déjà évoqué lors de l'avant-dernière tripartite, Ahmed Ouyahia avait indiqué à ses partenaires que l'Etat ne pouvait éternellement prendre en charge le financement de ces allocations, notamment pour les entreprises étrangères et les multinationales qui engrangent des bénéfices mirobolants. Inscrites de nouveau à l'ordre du jour de la rencontre qui a débuté hier, il n'est point question de remettre en question leur prise en charge par l'Etat ; l'UGTA voulant jouer encore la solidarité avec les entreprises. Aussi, un délai d'une année leur sera accordé, à l'issue duquel les entreprises devront prendre à leur compte le paiement des allocations familiales. Ce qui fera gagner au Trésor public pas moins de 63 milliards de dinars. La tripartite prendra fin ce matin avec des allocutions de clôture et éventuellement une conférence de presse.