Aux côtés des pays du Golfe, l'Algérie figure parmi ceux enregistrant ces derniers temps une forte expansion du raffinage et de la pétrochimie. Plusieurs méga-projets ont été inscrits ou sont en voie de réalisation dans ces secteurs. Ce constat a été établi, par l'éminent économiste Nicolas Sarkis, directeur du Centre arabe d'études pétrolières (CAEP) basé à Paris. Dans l'éditorial de la revue du CAEP, Pétrole et Gaz arabes -à paraître aujourd'hui-, repris hier par l'APS, ce spécialiste en énergie, a estimé que «la capacité de raffinage dans les pays arabes a augmenté de 2,53% entre 2006 et 2007, en passant à 7,39 millions de b/j». «Ce n'est qu'un début, vu les différents projets ou méga-projets qui ont été lancés depuis 2007 dans des pays comme l'Arabie saoudite, les EAU ou l'Algérie», a-t-il jugé. Les paramètres ayant ou continuant de contribuer à l'enregistrement d'une telle expansion sont, aux yeux de cet expert, «le développement rapide des besoins mondiaux, l'accroissement des prix du pétrole et la mondialisation qui ont donné un puissant coup d'accélérateur aux projets de raffinage et de pétrochimie dans les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord». Pour ce qui est de notre pays, qui possède pas moins de cinq raffineries implantées à Alger (2,7 millions tonnes/an), Adrar (0,6 mt/an), Arzew (2,5 mt/an), Skikda (15 mt/an) et Hassi Messaoud (1,22 mt/an), le ministre en charge du secteur, Chakib Khelil, a, dans une récente déclaration, fait savoir que notre pays passera de 22 millions de tonnes par an actuellement à 50 millions de tonnes/an en 2014. Revoyant à la hausse les capacités de raffinage, la société Sonatrach a prévu, à ce propos, la construction de nouvelles raffineries dotées de capacités importantes. Implantée à Skikda, la première, qui sera mise en œuvre cette année, aura une capacité de 5 millions de tonnes par an. D'une capacité de 15 millions de tonnes par an, la seconde usine qui est prévue à Tiaret devrait entrer en production en 2015. Elle sera réalisée dans le cadre d'un partenariat entre Sonatrach et une compagnie saoudienne «Delta Oil» pour plus de 6 milliards de dollars. Les pouvoirs publics, qui ne misent pas sur les moyens financiers pour investir ainsi en aval, comptent débloquer une enveloppe financière de pas moins de 28 milliards de dollars sur cinq ans dans la pétrochimie, notamment dans le raffinage, afin d'assurer une nouvelle capacité de 120 000 barils/jour. En tout et pour tout, la capacité globale sera de l'ordre de 850 000 barils/jour, soit la moitié de la production nationale brute. Opter pour l'investissement dans l'aval, notamment le raffinage, a été dicté, selon Sarkis, par le souci des pays producteurs de «bénéficier de la plus-value sur l'exportation de produits finis répondant aux normes des réglementations environnementales les plus exigeantes, ainsi que par la nécessité de faire face à l'explosion des besoins nationaux de consommation». Se référant à la compagnie Arab Petroleum Investments Corporation (Apicorp), la même source a estimé que «pour l'ensemble des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, les investissements requis pour les projets de raffinage, y compris les complexes intégrés raffinage/pétrochimie, sont évalués à 117 milliards de dollars au cours de la période 2008-2012». «Si tous les projets actuellement envisagés étaient réalisés, la capacité de raffinage dans cette région du monde augmenterait de 6,1 mbj pour passer à près de 15 mbj à l'horizon 2015», fait-il remarquer.