Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia Le programme d'investissements publics du quinquennat 2010-2014, rendu public la semaine dernière lors du Conseil des ministres, a consacré une enveloppe de 2 000 milliards de dinars au secteur de l'industrie. Ce montant concernera, selon le communiqué de la Présidence, les crédits bancaires bonifiés par l'Etat pour la réalisation de nouvelles centrales électriques, le développement de l'industrie pétrochimique et la modernisation des entreprises publiques. Cette enveloppe, au demeurant conséquente, reflète réellement, selon les spécialistes en la matière, la volonté de l'Etat de développer la base industrielle du pays. L'industrie, avec ses différents segments d'activité, est en effet au cœur de la politique économique du pays depuis l'arrivée du président Bouteflika à la tête du pays. Toutefois, la politique prônée jusque-là par les pouvoirs publics, précisément le département d'Abdelhamid Temmar, n'a pas donné les résultats escomptés. Elaborée par des experts nationaux de renommée mondiale sous la supervision du ministre de la Participation et de la Promotion des investissements (MPPI) en 2007, la stratégie industrielle a fait l'objet d'une remise en cause par le président de la République et son Premier ministre, Ahmed Ouyahia, quelques années après. Et pour cause ! Durant ces trois dernières années, le ministre de l'Industrie, qui a multiplié ses sorties médiatiques pour expliquer «les avancées» de la stratégie industrielle, n'a pas réussi à convaincre… Il finira d'ailleurs par avouer que le secteur de l'industrie en Algérie n'arrive pas encore à trouver sa voie. «Il a besoin, entre autres, d'une nouvelle stratégie industrielle plus efficace et d'une bonne capacité de gestion et d'innovation», a indiqué M. Temmar lors d'une rencontre tenue à Alger. Face à l'échec enregistré dans l'opération de privatisation des entreprises qui avait pourtant nécessité de grands efforts pour convaincre, le gouvernement a décidé de mettre un terme à ce processus en procédant au cas par cas. Ce constat élaboré dans l'un des chapitres de la stratégie industrielle a poussé les pouvoirs publics à revoir la copie et à stopper donc la privatisation tous azimuts. L'arrivée de la crise économique mondiale après l'effondrement des principales places boursières et la chute des banques n'ont fait que renforcer l'idée de la nécessité de sauvegarder les entreprises nationales publiques. C'est ainsi que le projet des 13 championnes économiques inscrit dans le cadre de la stratégie industrielle a refait surface. Cependant, l'annonce de la création de ces grandes entreprises a été entachée par ce syndrome de promesses sans lendemain qui a caractérisé de nombreux projets. Au niveau du département de M. Temmar, on ne cesse de rappeler les propos du premier responsable : «Comme a dit le ministre, la stratégie est toujours en état de mise en œuvre, elle l'est progressivement.» Là, les spécialistes en la matière, y compris ceux ayant participé à l'élaboration de la première mouture du document portant sur la stratégie industrielle, estiment que tout ce qui a été retenu comme mesures de rattrapage pour le secteur industriel, pour la relance des entreprises publiques en particulier et pour la mise en œuvre des réformes économiques en général, est contenu dans ce document. Les mêmes sources s'interrogent à présent si l'injection de 2 000 milliards de dinars dans la réalisation de nouvelles centrales électriques, le développement de l'industrie pétrochimique et la modernisation des entreprises publiques pourrait faire bouger, et d'une manière effective, notre industrie. Ne connaîtrons-nous pas le même scénario des années précédentes, en ce sens que tout ce qui se fait reste du noir sur blanc ? La volonté du Président de promouvoir notre industrie en amont et en aval sera-t-elle concrétisée durant ce quinquennat ou celui d'après ? Difficile de répondre avec exactitude à ces questionnements et bien d'autres tant que les annonces se multiplient et que la réalité est quasiment la même.