Elle se faisait rare déjà depuis quelques mois dans ce 1, rue Bachir Attar où tout le monde avait appris à connaître tout le monde. Où chacun de nous avait quotidiennement croisé ce sourire plus grand et plus généreux qu'un bonjour des mots. Et qui ne sera plus dans la maison de la presse Tahar Djaout parce que Yamina Zerrouk, affectueusement appelée Mina, n'est plus de ce monde qui l'a vu partir à jamais samedi tôt le matin après qu'elle eut livré une ultime bataille à la Faucheuse à l'hôpital parisien Beaujon où elle n'aurait peut-être jamais accepté d'être si elle avait pu soupçonner qu'elle y allait rendre l'âme loin de cette Algérie dont il était impossible pour elle de se séparer. Même dans les moments les plus difficiles et les plus durs à faire craquer plus d'un homme. Mais Mina était femme. Femme qui savait de quoi sont faits ses droits et les droits de ses sœurs. Convictions mêlées à la hargne d'une autre femme, celle-là journaliste jusqu'au bout de la liberté d'expression, et qui allaient presque fatalement se convertir en engagement et lutte sans répit pour un idéal dont l'une des plus belles expressions reste sans doute Ounoutha, revue pionnière dans la presse consacrée à la femme, créée au début des années 1990 par cette journaliste qui avait déjà à son actif une belle carrière à la radio algérienne.