Quels sont les principaux Etats responsables du réchauffement ? Les pays industrialisés, en particulier les Etats-Unis. Certes, les Chinois émettent aujourd'hui autant de CO2 que les Américains (6 milliards de tonnes par an), mais ils sont quatre fois plus nombreux. Surtout, les pays émergents (Chine, Inde, Brésil) ne portent aucune responsabilité historique : chez eux, les rejets de gaz à effet de serre ont débuté cinquante ans plus tard qu'en Europe ou qu'en Amérique du Nord. Pourtant, comme la plupart des pays les moins riches, ils sont les premières victimes du changement climatique. Qu'est-ce qui prouve que l'homme influence vraiment le climat ? En analysant les glaces polaires, les scientifiques se sont aperçus que pendant les dix mille dernières années, le dioxyde de carbone atmosphérique s'était maintenu à un niveau stable... Et voilà qu'il augmente de 30% en quelques décennies ! Le CO2 produit par la combustion de ressources fossiles (pétrole, charbon...) et par la déforestation est venu perturber les échanges naturels de notre planète. Cette augmentation coïncide -plusieurs études établissent le lien de cause à effet- avec l'observation d'une augmentation moyenne des températures de plus de 0,7 °C sur la Terre entre 1900 et 2000, particulièrement marquée depuis les années 1970. D'autres gaz à effet de serre représentent une menace. Parfois, la responsabilité de l'homme est indirecte : on craint, du fait du réchauffement, le dégel des régions polaires, qui pourrait provoquer un dégagement massif de méthane stocké dans les sols. Un phénomène potentiellement dramatique... mais encore mal connu. Certains parlent d'une pause dans le réchauffement, voire nient celui-ci. Sur quoi s'appuient-ils ? Des relevés, sur certaines périodes particulières, peuvent donner l'impression que la température sur le globe est stable, alors que les prévisions du GIEC évoquent une augmentation de 0,2 °C par décennie environ. Ainsi, un récent relevé d'une équipe britannique indique qu'entre 1998 et 2008 la température n'aurait quasiment pas augmenté (+0,02 ºC). Mais cette étude ne couvre pas toute la surface de la planète, et la période étudiée commence et se termine par deux années atypiques, 1998 (forte hausse des températures due à El Niño) et 2008 (forte baisse avec la Niña). Le «diagnostic» publié par le GIEC juste avant ce sommet de Copenhague met les choses au point : malgré de fortes variations annuelles, consécutives à ces phénomènes climatiques ponctuels, la tendance depuis 1980 est -malheureusement- conforme aux prévisions. 2007, 2008 et 2009 figurent ainsi parmi les dix années les plus chaudes depuis cent cinquante ans, malgré une faible activité solaire. L'idée d'un refroidissement est fausse, tranche ce rapport. Les prévisions des experts du GIEC sont-elles fiables ? La teneur en CO2 atmosphérique et le niveau des océans ont augmenté ces dernières années plus vite que ne le prévoyait le pire scénario établi par le GIEC, ce qui montre que ce dernier ne verse pas dans le catastrophisme. Cette instance, récompensée en 2007 par le Nobel de la paix, livre des diagnostics -issus du consensus entre de nombreux experts- sur l'évolution du climat, les impacts régionaux et les coûts de la diminution des gaz à effet de serre. Mais elle n'a pas réponse à tout : de l'aveu même de ses responsables, il reste beaucoup à faire pour évaluer le seuil au-delà duquel la calotte glaciaire du Groënland disparaîtra, affiner les prédictions à dix ou vingt ans, anticiper certains phénomènes océaniques... La technologie peut-elle nous sauver ? Certains l'affirment. Ils mettent en avant des solutions avant-gardistes qui, pour l'heure, n'ont guère dépassé le stade des études. L'Académie nationale des sciences américaine comme la Royal Society britannique se penchent toutefois sur ces questions... Il s'agit de diffuser des particules soufrées à haute altitude pour créer une sorte de gigantesque parasol. De mettre en orbite un miroir censé dévier le rayonnement solaire. Ou d'ensemencer l'océan austral avec du fer afin de favoriser la production de phytoplancton, capable de capter le CO2 atmosphérique. Les experts du climat sont pour le moins sceptiques : ils craignent que ces initiatives perturbent encore plus la machine climatique et conduisent à un résultat à l'opposé de celui qui est recherché. Moins farfelus, des projets de séquestration du CO2 sous la terre ou sous la mer sont actuellement à l'étude. Ces techniques risquent toutefois de coûter très cher. Leur intérêt est vivement contesté par les écologistes, qui préféreraient que cet argent serve au développement des énergies renouvelables. Le nucléaire, pauvre en carbone, est-il la bonne réponse ? Comme il émet peu de CO2, le nucléaire (15% de l'électricité dans le monde, 75% en France) figure parmi les solutions les plus évidentes. Il est souvent cité dans le «mélange énergétique» idéal, aux côtés des énergies renouvelables. Son empreinte écologique n'est pourtant pas neutre, au regard notamment de ses déchets toxiques à vie longue, dont le stockage reste très préoccupant, et de l'éventualité de nouvelles catastrophes, comme à Tchernobyl. Et l'uranium, indispensable à la filière, se fait rare : il resterait soixante ans de réserve pour le parc actuel, davantage si l'on est prêt à payer très cher son extraction. Le vent et le soleil peuvent-ils produire toute notre énergie ? Présentées comme les solutions du futur, les énergies solaire et éolienne, ainsi que la géothermie, ne peuvent pas produire en quantité suffisante l'énergie nécessaire à l'ensemble des habitants de la planète. Pas pour le moment. Il ne s'agit pas seulement d'un problème d'investissement. Ces ressources sont par nature imprévisibles, car elles dépendent du souffle du vent et du rayonnement solaire. Or il n'est pas possible, ou bien à un prix extrêmement élevé, de stocker trop longuement l'électricité avant de la distribuer. Les centrales nucléaires ou à charbon, qui peuvent produire à la demande, ne souffrent pas de ce défaut. Le problème tient aussi à notre dépendance au pétrole : avec de l'électricité, comment ferons-nous rouler nos voitures, nos avions ? Sortir de «l'âge du pétrole» nous oblige à réinventer l'organisation de nos sociétés. Les combustibles fossiles (gaz, pétrole et charbon) fournissent encore 85% de l'énergie primaire consommée dans le monde. De gros efforts seront nécessaires pour que la tendance s'inverse. Changer nos modes de consommation, est-ce vraiment efficace ? Diminuer massivement les émissions de gaz à effet de serre dans la vie quotidienne est la plus évidente des parades, et l'effort de chaque pays, ainsi que le calendrier, va être âprement discuté à Copenhague. Pour maintenir un réchauffement global inférieur à 2°C (au-delà, l'évolution du climat pourrait devenir incontrôlable, selon les prévisions), il faut réduire de moitié les émissions de CO2 sur la planète. En France, comme partout en Europe, l'objectif est de les diviser par quatre. En moyenne, il faudrait que chaque humain s'en tienne à 500 kg de CO2 par an. Ce n'est pas grand-chose : l'équivalent de 750 litres d'essence, soit 5 000 kilomètres en ville dans une petite voiture. Et il faudrait, pour que le calcul soit juste, prendre aussi en compte toutes les émissions liées à notre habitat et à notre «part» de pratiques industrielles et agricoles liées à nos modes de consommation. C'est notre façon de consommer qu'il faut changer. Un mode de transport plus propre, un habitat mieux isolé, un étalement limité des villes, toutes les pistes doivent être explorées. Qu'est-ce que la «compensation carbone» ? Le principe est simple : il s'agit de compenser nos émissions nocives de CO2 en finançant des programmes ou actions bénéfiques pour la planète. Deux types de compensation sont possibles : la compensation institutionnalisée, liée au protocole de Kyoto, qui s'adresse aux grandes entreprises occidentales- elles bénéficient de «crédits carbone» lorsqu'elles adoptent des techniques «vertes»- et la compensation volontaire, qui concerne chaque individu. On calcule sur un site Internet le bilan CO2 de son trajet en voiture, par exemple, et on «compense» en versant de l'argent à des organisations qui pilotent des projets écologiques. Problème : ces calculs sont peu fiables. Augustin Fragnière, auteur de la Compensation carbone : illusion ou solution ? (PUF), prend le cas d'un vol Paris/New York : selon le prestataire de compensation, le résultat varie du simple au quadruple. Cette formule n'empêche pas non plus de continuer à polluer, puisque même compensées, nos émissions de CO2 par la voiture ou l'avion restent dans l'atmosphère. Rien à faire, donc. Faut-il un gendarme de l'environnement ? Beaucoup de mauvais élèves, l'Espagne en tête, ne tiennent pas les engagements pris à Kyoto. Des sanctions sont prévues, mais personne ne peut vraiment contraindre ces pays à rectifier le tir. D'où l'idée de créer une OME, Organisation mondiale de l'environnement, placée sous l'égide de l'ONU, qui veillerait à la bonne application des textes. C'est d'autant plus urgent qu'il n'est plus seulement question de science, mais de sécurité des Etats : des migrations massives de «réfugiés climatiques» sont attendues du fait de la montée des eaux, comme au Bangladesh. Jusqu'à Kyoto, les pays en développement étaient plutôt réticents, craignant que cette instance soit synonyme d'ingérence plutôt que d'arbitrage. La tendance semble s'inverser, mais il est trop tôt pour qu'un accord sur cette question émerge à Copenhague.