Le sauvetage de l'économie mondiale et du climat de la planète, la lutte contre la prolifération nucléaire et la pauvreté seront parmi les thèmes principaux du sommet du G8 ouvert, depuis hier, à Aquila en Italie. Une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que des responsables d'institutions multilatérales y participent. Le G8 réunit l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Japon et la Russie. Le sommet s'élargira à l'Afrique du Sud, le Brésil, l'Inde, le Mexique, l'Australie, l'Indonésie et la Corée du Sud pour aborder notamment la lutte contre le réchauffement climatique. Selon le premier ministre Italien Silvio Berlusconi une dizaine de déclarations étaient déjà prêtes, sur le terrorisme, sur la non-prolifération nucléaire ou la déclaration finale, saluant le travail de préparation des "sherpas". Le chef du gouvernement italien a également confirmé que le G8 lancerait une initiative contre la faim dans le monde d'un montant de "10 à 15 milliards" de dollars. Par ailleurs, en décembre prochain, l'ONU doit finaliser un accord mondial contre le réchauffement climatique lors de la conférence de Copenhague. Les acteurs engagés dans cette lutte entendent utiliser le sommet du G8 comme caisse de résonance, en soulignant que le temps presse. En effet, depuis la signature du Protocole de Kyoto en 1997, les émissions de GES ont progressé trois fois plus vite que durant la décennie précédente. Les huit pays les plus industrialisés représentent 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Un Américain émet en moyenne 24 tonnes de CO2 par an, contre 10 tonnes pour un Européen et 4 à 5 tonnes pour un Chinois. Par ailleurs, rarement un sommet du G8 aura eu lieu dans une ambiance aussi morose et indécise. Les déclarations concomitantes et contradictoires de Pascal Lamy et du patronat britannique le prouvent. Pour le directeur général de l'OMC, " le pire de la crise en matière sociale est toujours à venir, ce qui veut dire que le pire de la crise en matière politique est toujours à venir ". En revanche, pour le patronat britannique, " le pire de la récession semble passé, mais la reprise n'est pas garantie ". Les pessimistes se basent sur l'augmentation à venir du chômage et le cumul des déficits publics. Les optimistes sur le retour à bonne fortune des banques et la croissance des grands pays émergents, Chine, Inde et Brésil notamment. Tous sont d'accord sur un point mais en tirent des conclusions divergentes, la régulation financière internationale a du plomb dans l'aile. Depuis le dernier G20 de Londres, Obama a notamment abandonné son idée initiale de plafonner les salaires de Wall Street et il apparaît de plus en plus évident que Londres bloquera toute régulation susceptible d'entraver la City. Il est à noter, que l'événement est hautement symbolique avec des nouveaux rapports de force internationaux. A Ekaterinbourg, en Russie, les dirigeants des quatre plus grandes économies dites " émergentes " -Brésil, Russie, Inde et Chine, les " Bric ", se sont réunis pour discuter des affaires du monde. Entre eux, sans les Occidentaux. Résultat, les Bric ont pris de l'assurance, et souhaitent que leur voix porte plus sur les affaires économiques internationales. Surtout quand la crise économique et financière est provoquée par celui qui en détenait jusqu'ici tous les verrous : les Etats-Unis. La réunion des quatre, intervenant trois semaines avant le sommet annuel du G8 à l'Aquila, en Italie, leur a permis de revendiquer plus d'influence au sein du Fonds monétaire international (FMI), aujourd'hui sous influence américaine et occidentale prépondérante, mais aussi de réclamer un système monétaire diversifié, c'est-à-dire moins lié au dollar. Une prise de position qui a son importance quand on sait le poids des bons du Trésor US détenus par la banque centrale chinoise, c'est ce point qu'a mis en avant le très officiel China daily mercredi. Ce qui unit ces quatre Etats n'est pas indifférent à une remise en cause de l'hégémonie occidentale, et surtout américaine sur la marche du monde. Sans pour autant rejoindre le rêve des altermondialistes qui réclament la cogestion de la mondialisation, pas son remplacement. En gros, un G20 prenant la place du G8 et pas seulement ponctuellement quand on a besoin d'eux. A cette effet, la crise économique offre à ce bloc hétéroclite une opportunité de rééquilibrer le pouvoir mondial en sa faveur, profitant de l'affaiblissement durable de l'économie américaine, et l'incapacité de l'Europe à peser comme elle devrait. La Chine est la plus motivée des quatre, et il reste à voir jusqu'où les trois autres sont prêts à la suivre, en particulier l'Inde, l'autre géant d'Asie. Les Occidentaux ignoreraient à leurs dépens les dynamiques qui animent cet ensemble, malgré ses fortes contradictions. Il est le reflet d'un monde dans lequel ils ne contrôlent plus tout. Yazid Idir