L'Afrique ne réussit plus aux clubs algériens. Ces derniers ne s'imposent plus sur la scène continentale et se font, d'une année à une autre, dominer outrageusement par des clubs tunisiens, égyptiens ou même ceux d'Afrique noire qui montent en puissance ces dernières années. Et cette année encore, les Sétifiens viennent de rater le coche lors de la finale de la CAF en s'inclinant durant le match retour face au Stade Malien, qui a fait preuve tout de même d'une meilleure maturité tactique que l'ES Sétif. Et pourtant, une victoire de l'ES Sétif aurait certainement redoré le blason du football algérien qui ne se relève toujours pas de sa déprime. Une telle victoire aurait été salutaire, mais l'échec de l'ESS est venu nous rappeler des vérités amères riches en enseignements. Depuis, les observateurs les plus avertis ont lancé un débat sur le devenir du football national qui ne brille plus que par ses échecs successifs alors que, paradoxalement, la sélection nationale se refait une santé grâce à ces joueurs professionnels évoluant dans les championnats européens. A l'unanimité, les amoureux du football réclament une mise à niveau de nos clubs. Ces derniers se vautrent dans les crises internes et les contre-performances sportives alors que, sous des cieux africains plus cléments, des progressions sont enregistrées et des exploits sont salués y compris dans les pays où le football n'est devenu le sport roi que récemment ! Il faut rappeler à ce propos que, depuis le dernier succès de la JSK en Coupe de la CAF en 2002, les saisons se suivent et se ressemblent pour le football algérien qui peine à retrouver ses lettres de noblesse au niveau continental. En Ligue des champions comme en Coupe de la CAF, nos grosses écuries, la JSK et l'ESS, l'USMA ou la MCA, le MCO et la JSMB ont complètement raté leur sortie ces dernières saisons, confirmant ainsi qu'un grand travail en Algérie au niveau des clubs est nécessaire pour revenir sur les terrains exubérants d'Afrique et rivaliser avec les majors du continent. Même le retour de l'ESS au niveau africain n'a pas été une réussite, et ce, en dépit de la présence d'une pléiade de bons joueurs qui ont acquis une certaine expérience dans ce genre de compétitions. L'ESS, qui a forcé l'admiration à l'échelle arabe après s'être adjugé le trophée en 2006 et 2007, s'est rendue à l'évidence durant ces deux dernières saisons que la Champion's Ligue africaine est une tout autre histoire. Un autre calibre pour de «gros gabarits», une catégorie de clubs à laquelle ni l'ESS ni un autre club algérien ne peuvent, malheureusement, aspirer désormais. Assurément, le mal qui ronge le ballon rond en Algérie est profond. Miné par la corruption, l'affairisme et les comportements mafieux et politiciens, notre football local exclut tout bonnement la compétence, l'intégrité, la moralité et les vertus du travail. C'est là un constat qui se vérifie chaque jour dans le quotidien de nos clubs où l'épanouissement du football n'est plus visiblement une priorité. Et pour cause, les présidents de club, dont certains sont très connus pour leurs déboires judiciaires, instrumentalisent leurs équipes pour des visées politiciennes avec le recours aux passe-droits les plus vils... Selon les connaisseurs les plus fins de notre football, la déchéance a commencé «depuis la fin de la réforme sportive, matérialisée par le désengagement des entreprises qui s'occupaient du football et du sport», indique-t-on. «La gestion qui lui a succédé a fait dans le bricolage et l'improvisation. Les clubs ont été vidés de leur substance et déviés de leur vocation première, à savoir la formation de jeunes talents. En plus, lâchés dans la nature, subventionnés, mais rarement contrôlés, ces derniers ont créé leur propre modèle de fonctionnement basé sur l'assistanat et la dilapidation des deniers publics au profit exclusif des seniors», expliquent d'anciennes figures et gloires du football national. Ces derniers n'ont eu de cesse de condamner «le bradage de nos clubs, lesquels ont été livrés sans défense aux griffes des affairistes et des influences de la rue». En conséquence, les conditions minimales de travail font cruellement défaut et presque aucun club en Algérie ne dispose de ses propres infrastructures d'entraînement. Aujourd'hui encore, de nombreux clubs partagent souvent leurs créneaux d'entraînement avec des minimes et des vétérans, alors que les autres équipes africaines qui jouent régulièrement dans les compétitions continentales disposent de leurs propres installations d'entraînement. Ajoutons à cela l'instabilité des staffs techniques, le mauvais recrutement de joueurs et la négligence de certains responsables du club qui ont décidé de mettre à l'écart des jeunes éléments, préférant la reconduite des éléments atteints par la limite d'âge, l'absence totale de centres de formation, et nous avons ainsi tous les ingrédients d'une descente en enfer programmée par des présidents de club incompétents et irresponsables. Dans ce contexte, une seule question reste, enfin, en suspens : à quand les états généraux du football dans notre pays ? A. S.