De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La conserverie Cojek d'El Kseur (Béjaïa) a réalisé ces dernières années des résultats probants en matière de production de concentré de tomate et de confitures de fruits. Anciennement propriété du groupe public ENAJUC, qui faisait face alors à sérieuses difficultés financières, cette unité a été, pour rappel, reprise en 2006 par le conglomérat Cevital de l'homme d'affaires Issad Rebrab pour un montant de 1,07 milliard de dinars. Les bilans positifs de l'entreprise viennent ainsi couronner un partenariat naissant avec les agriculteurs de la région. «Nous avons entamé une expérience dont les résultats sont très bons. Les agriculteurs sont très contents de nous vendre leurs tomates et d'être équitablement payés en retour», indiquait Rebrab, manifestement satisfait de cette initiative. Appelant de tous ses vœux à la généralisation de ce genre d'associations, le patron de la première entreprise privée du pays estime que «l'Algérie doit être un producteur de concentré de tomate et non un pays importateur». Même pour la préparation des confitures, le nouveau propriétaire de Cojek traite également avec les producteurs locaux de fruits, principalement les exploitants de vergers d'abricotiers qui prospèrent dans les plaines des Haut Plateaux et celles de l'est du pays. Cevital, à travers sa filiale Ceviagro, compte s'investir davantage dans le secteur agricole pour alimenter son industrie de transformation. Ceviagro a déjà directement investi plus de 250 millions de dinars dans ce secteur. Elle s'implique aussi dans des projets en direction des jeunes agriculteurs qui reçoivent le matériel, les plants et l'assistance technique nécessaire. Les récoltes seront, ensuite, livrées intégralement au groupe à un prix acceptable pour les deux parties. Cependant, Cojek éprouve visiblement beaucoup de mal à se faire une place sur le segment des jus et des eaux fruitées dont elle était l'un des leaders incontestables. Elle avait, dans un passé pas si lointain, réussi à se faire un nom sur le marché national des boissons à travers son label «Tchina». Sa chaîne de production de cette pulpe d'orange, concoctée exclusivement de produits naturels et sans conservateur, frôle les 27 000 bouteilles de 25 cl/heure. Un potentiel si peu exploité aujourd'hui. Cédant le pas aux nombreux concurrents qui se sont depuis lancés dans le créneau, le produit «Tchina» est, en effet, très rare sur les circuits commerciaux. La région d'El Kseur est pourtant réputée pour son agrumiculture. Sur les 2 000 hectares consacrés à cette culture à travers la wilaya de Béjaïa, El Kseur et sa périphérie immédiate (Amizour, Oued Ghir, Timezrit) totalisent plus 1 200 hectares d'orangers et de clémentiniers. Au lendemain de l'acquisition de Cojek, Cevital avait annoncé un plan d'investissement graduel d'un milliard de dinars pour mettre sa technologie au diapason de l'industrie agroalimentaire moderne. L'unité jus et boisson bénéficiera certainement d'une attention spéciale dans ce cadre. Le groupe Cevital a, bien entendu, les potentialités techniques et managériales pour tenir tête à la concurrence sur ce segment précis.