Entretien réalisé par Mekioussa Chekir LA TRIBUNE : Dans quel esprit s'inscrit ce festival dédié à la chanson et la musique amazighes ? Mme Saada Taoues : Ce festival s'inscrit évidemment dans l'esprit de la promotion de la chanson amazighe en la faisant mieux connaître au public algérien et comme il s'agit d'une manifestation d'envergure nationale, on a procédé à des présélections régionales au niveau de quatre grandes wilayas qui sont Béjaïa pour la chanson kabyle, Khenchela pour la chanson chaouie, Ghardaïa pour la chanson m'zabie et Illizi pour la chanson targuie. Nous avons fait circuler l'information pour informer les jeunes qui souhaiteraient se présenter aux concours et ils ont été assez nombreux à réagir. En général trois groupes ont été sélectionnés au niveau de chaque wilaya, ce qui nous a donné en tout 12 groupes, lesquels sont là à Tamanrasset pour la compétition nationale et pour lesquels six prix sont prévus. Tout cela pour vous dire que nous avons voulu donner une chance à tous car le but recherché est d'encourager l'émergence de jeunes talents, de leur permettre de faire connaissance avec leurs aînés à travers l'hommage que nous avons rendu lors de la première soirée à des noms de la chanson algérienne. Nous avons laissé tout le monde se présenter mais, bien sûr, à un moment donné il faut que ce soit le meilleur qui gagne. Il y a un jury qui vient d'un peu partout, qui ne connaît personne mais qui se base sur des paramètres très rigoureux et les groupes qui ont été sélectionnés l'ont été parce qu'ils le méritaient. La sélection finale sera plus serrée pour ne retenir que les meilleurs : l'élite des douze groupes. Ce festival est aussi l'opportunité de renouer avec ce public car il est tellement intéressant de chanter le kabyle, le chaoui et le mazbi ici à Tamanrasset, en plus du targui. Je tiens à souligner que pendant le festival, il y a l'aspect académique qui reconstitue toute la genèse de cette chanson à travers des périodes précises de notre histoire, celle-ci ayant toujours collé à son actualité. Est-ce que vous avez établi le bilan de la première édition pour éviter que les erreurs ne se répètent, notamment sur le plan de l'organisation ? Evidemment, la première organisation demeure la première, donc non exempte de quelques erreurs par-ci, par-là. Il y a un impact de la première édition dans le sens où les lauréats sont accompagnés et suivis. Il y a eu un premier bilan à tous les points de vue, lesquels ont servi de recommandations pour les prochaines éditions, c'est ainsi qu'on arrive à rectifier le tir et à parfaire l'organisation de ce festival. Cette année, nous avons amélioré par exemple la qualité de la sono. Je peux vous dire que, pour la première édition, tous les moyens ont été mis la disposition des organisateurs. Sur le plan académique, il y a d'excellents conférenciers qui ont donné énormément d'informations. La deuxième édition fera aussi l'objet d'un bilan qui sera pris en compte. On regrette l'absence de conférenciers de renom comme Kamel Hammadi et Abdelkader Bendaamache qui étaient pourtant annoncés … En effet, mais les organisateurs ont fait leur travail : les invitations ont été envoyées à temps aux intéressés, lesquels ont confirmé leur présence mais tous deux ont dû décommander à la dernière minute pour des raisons personnelles. Cela n'empêche pas qu'il y ait eu des intervenants intéressants qui ont su susciter de riches débats et donner des conférences de qualité. Peut-on espérer voir cette manifestation s'inscrire dans la pérennité car on nous a souvent habitués à des initiatives conjoncturelles qui ne font pas long feu ? Il n'y a pas de risque que cela arrive car c'est une rencontre qui fait partie de plus de la centaine de festivals institutionnalisés, dont des nationaux locaux, régionaux et internationaux. Il faut savoir aussi que tous les moyens sont dégagés pour le maintien de ces festivals et qu'il y a des rencontres locales qui les complètent. Il y a des semaines culturelles organisées à travers les wilayas. Tamanrasset recevra dans ce cadre, pour la seconde fois aussi, cinq wilayas et ira vers elles. En deux ans, chaque wilaya en a ainsi reçu au moins dix autres, ce qui a créé d'importants échanges. Les déplacements se font de plus en plus et il n'y a plus de problèmes de distance. Il y a par ailleurs d'autres manifestations qui s'inscrivent dans le cadre de la promotion de la culture amazighe, comme le Festival du théâtre qui vient de s'achever à Batna, celui du cinéma…