La campagne de vaccination contre le virus de la grippe porcine a débuté après la délivrance du certificat de conformité par des laboratoires spécialisés. Afin de donner du crédit à l'opération, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a tenu à se faire vacciner en premier. Dans la même finalité, M. Saïd Barkat défend l'efficacité du vaccin en déclarant que celui-ci est reconnu par l'Organisation mondiale de la santé, homologué par les autorités sanitaires canadiennes et validé par le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques. Il est vrai que la population, en proie au syndrome de la grippe porcine, a été soulagée par la nouvelle même si elle se prépare d'ores et déjà à faire face aux différentes lenteurs qui accompagneront l'opération. Cette dernière ne se fera certainement pas dans la célérité qu'exige la situation. Espérer voir la campagne de vaccination répondre à une telle situation d'urgence, c'est ignorer l'état du secteur de la santé chez nous. Le système de santé algérien se porte très mal nonobstant les efforts accomplis ces dernières années pour l'amélioration des services offerts à la population. La faillite du secteur de la santé se vérifie en temps ordinaire comme dans des conjonctures particulières, à l'image de ce qui se produit maintenant avec la menace de la grippe porcine. La conjoncture actuelle a ainsi confirmé que notre système de santé ne dispose pas d'instruments ni d'outils nécessaires pour faire face à une pandémie qui a tué 42 personnes en l'espace de deux mois. L'Algérie ne se distingue pas sur ce plan : tous les pays du monde ont été touchés par la pandémie A(H1N1). La propension reste relative. Ce qui demeure cependant inquiétant pour le cas de l'Algérie, c'est manifestement cette méfiance qu'éprouve la majorité des populations à l'égard d'une vaccination décrétée comme un remède incontournable contre le fameux virus. L'alerte planétaire née suite à la propagation de la grippe devait inciter les Algériens à se faire vacciner. Si paradoxal que cela puisse paraître, les Algériens, même angoissés par le virus, ne se sont pas empressés d'aller dans les établissements de santé ni dans les pharmacies pour bénéficier de l'opération de vaccination libérée après une longue hésitation ministérielle. L'Algérien n'est pas un insoucieux ni un cynique des temps modernes. Il est plutôt de nature à veiller sur son bien-être même quand il est tenu de débourser une grosse somme pour une simple intervention chirurgicale. Le peu de crédit que les citoyens accordent à la campagne de vaccination contre le virus de grippe porcine équivaut un diagnostic fiable qui traduit la rupture irrémédiable entre les Algériens et les institutions de santé. Cette méfiance, tangible à tous les niveaux du secteur, ne saurait être dissipée au détour d'un vaccin, fût-il celui d'importation… A. Y.