Au 25 décembre 2009, la répartition des agriculteurs, reconnus toujours en activité par tranche d'âge, montre que les moins de 35 ans ne représentent que 15,65%. En clair, sur 835 503 paysans en activité, 135 757 ont entre 18 et 35 ans et le gros de la troupe a plus de 60 ans. Ils sont, selon la Chambre nationale de l'agriculture, 296 113 (34,84%). C'est dire l'âge avancé de la population agricole et que le remplacement par les jeunes reste, du coup faible. Cette tendance, si elle venait à perdurer, peut compromettre le développement du secteur de l'agriculture. Cela commence d'ailleurs à se faire sentir sur le terrain. Et pour preuve, il devient difficile de recruter des ouvriers agricoles professionnels comme il est devenu ardu de faire perdurer le métier d'exploitant. Dès lors, une question s'impose : comment changer la donne ? D'abord par «une revalorisation des métiers de l'agriculture car n'étant plus attractifs depuis des années», comme du côté des Chambres régionales de l'agriculture. Et d'expliquer le pourquoi d'une telle déchéance : «Ils pâtissent d'une part de l'image ambiguë de l'agriculture, et d'autre part du fait de l'image difficile du travail manuel, trop présent sur nos périmètres agricoles.» D'autres observateurs avancent que ce manque d'engouement chez les jeunes pour les métiers de l'agriculture résulte en partie du fait qu'ils considèrent que l'emploi agricole offre peu d'opportunités de carrière et que les emplois y diminueront dans les années à venir. Autre appréciation : chez les jeunes des milieux urbains, les métiers agricoles sont ressentis comme appartenant à un milieu très fermé et par conséquent très peu ouvert à ceux qui n'en sont pas issus, sachant que, pour le plus grand nombre, un employeur agricole recrutera plus facilement une personne issue de ce milieu. «car celle-ci sera plus encline à y travailler, y étant plus réceptive qu'une autre personne», indiquent des responsables du secteur. Pis, selon eux «la population aurait une image assez «réduite» de l'agriculture (peu de travaux et de métiers différents sont décrits). «Le niveau de connaissance global des métiers de l'agriculture reste très moyen», affirment des vulgarisateurs. Toujours dans ce même ordre d'idées, on apprendra à propos de la notion d'emplois agricoles permanents : «Celle-ci apparaît comme facilement associée aux seuls métiers d'exploitants (éleveur, cultivateur, céréalier…).» En ce qui concerne l'emploi salarié, le dernier recensement général opéré dans le secteur de l'agriculture (RGA 2004) fait ressortir que les emplois salariés sont plus ou moins bien identifiés. Le RGA apporte aussi cette précision : les emplois salariés sont souvent confondus avec l'activité d'exploitant agricole. Autre constat révélé par le RGA : les professionnels de l'agriculture exercent un métier agricole surtout par choix, puis par tradition et non pas par obligation. Ce choix est avant tout un choix de vie, plutôt qu'un choix professionnel. Les sociologues qui se sont penchés sur la question de savoir qui sont les travailleurs de la terre sont arrivés à cette synthèse : «L'origine familiale a une influence sur le choix d'orientation professionnelle; la connaissance du milieu rural ainsi que du travail en agriculture représente une condition fondamentale pour s'orienter vers un métier agricole». Cela veut-il dire que c'est dans le milieu rural uniquement que le secteur de l'agriculture devra chercher ses acteurs en attendant que les jeunes citadins s'intéressent beaucoup plus aux métiers de la terre ? C'est là le rôle de la vulgarisation agricole et auquel la tutelle devra lui donner toute son attention si l'on veut faire venir plus de jeunes aux métiers de l'agriculture. Z. A.