Préoccupation n Les agriculteurs sont, depuis quelque temps, inquiets quant à la situation peu reluisante de «leur banque». Devant les membres du secrétariat général de l'Union générale des paysans algérien (Unpa), le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a fait savoir, hier, au siège de son département, que son ministère ne pourra, en tout état de cause, décider de la liquidation ou non de la Cnma (Caisse nationale de la mutuelle agricole)-banque. Il a estimé que ce genre de décision ne relève pas des prérogatives de son ministère, mais de la Banque d'Algérie (BA) qui a pour tâche essentielle de contrôler les activités financières des banques. Il est à rappeler que la polémique quant à une éventuelle liquidation de la banque dure depuis quelques mois, et ce, justement après la crise et la situation confuse que ne cesse de vivre cette banque destinée aux agriculteurs. «Pour le moment, la liquidation ne se précise pas puisque la Banque d'Algérie a chargé un administrateur et non un liquidateur comme le laissent entendre certains. Cet administrateur est en train d'étudier le dossier et ce n'est qu'après la fin de l'enquête qu'on décidera de sa liquidation ou de son redressement», a affirmé le ministre. Notons que la Cnma-banque demeure déficitaire malgré ses 46 000 clients. Une situation due au fait que les créances des agriculteurs qui ont bénéficié des différents crédits agricoles durant la période allant de 2000 à 2005 sont estimées à 17 milliards de dinars. Ce qui est vraiment énorme. Selon un intervenant, membre de l'Unpa, les agriculteurs endettés se sont engagés à rembourser leurs dettes. Mais ils demandent à l'Etat de leur accorder un délai supplémentaire de 4 ou 5 ans pour pouvoir régler leurs différentes créances. Actuellement, ce sont 13 000 agriculteurs et éleveurs qui se sont engagés à payer leurs dettes, a indiqué un membre du conseil d'administration de la Cnma-Banque. Tous les intervenants que ce soit ceux appartenant à l'Unpa ou les responsables de la banque, ont exprimé au ministre leur souhait de maintenir l'activité de cette banque qui demeure «le seul espoir» aux yeux des agriculteurs. Après avoir écouté les différentes propositions émanant des parties concernées, M. Benaïssa a tenu à exposer les mesures «efficaces»pour éviter à l'avenir ce genre de problème. Il a clairement signifié que «la Cnma-banque pourra bien compter sur l'Etat si elle arrive à s'organiser et à être à la hauteur des attentes des professionnels dans ce domaine». Cela signifie que l'Etat n'est pas prêt, du moins pour le moment, à effacer les dettes des paysans. «Notre problème aujourd'hui n'est plus celui de l'argent ou de finance, mais il réside dans la non-confiance qui existe entre les agriculteurs et les fournisseurs bancaires», martèle-t-il. 1 300 000 agriculteurs ne sont pas assurés l Ce chiffre, annoncé hier par les membres de l'Unpa, reflète clairement la situation sociale difficile que vivent nos agriculteurs. Un autre sérieux problème évoqué lors de la rencontre d'hier est lié à l'exploitation des terres agricoles. On apprend que plusieurs milliers de paysans n'ont pas d'actes de propriété ni même de titres d'exploitation des terres qu'ils travaillent. Dans son intervention, le ministre a estimé que même les agriculteurs sont responsables de cette situation. C'est pourquoi il les a incités à déclarer leur activité pour trouver une solution aux différents problèmes et obstacles qu'ils vivent. Le ministre appelle les agriculteurs à s'entraider l En ce qui concerne les crédits agricoles mutuels, le premier responsable du secteur a appelé les agriculteurs à s'organiser pour créer des caisses locales. Celles-ci seront gérées par les organisations professionnelles et des mutuelles au niveau local. D'après lui, dans le domaine de l'agriculture, les crédits agricoles mutuels sont importants pour aider les professionnels du secteur. Cependant, il a appelé les agriculteurs à se mobiliser et à ne pas compter seulement sur le Fonds de solidarité destiné aux agriculteurs et aux éleveurs, qui a été mis en place dans le cadre de la nouvelle politique agricole. Il a profité de l'occasion pour inciter tous les acteurs activant dans le secteur à s'identifier et à ne pas compter toujours sur l'Etat. Pour rappel, l'Etat, et à travers plusieurs agences bancaires publiques, a beaucoup investi financièrement dans le passé pour financer des projets qui n'ont rien à voir avec l'agriculture, c'est-à-dire que leurs bénéficiaires n'ont aucune relation avec cette activité.