Synthèse de Smaïl Boughazi C'est demain que débutera, à Genève, la réunion ministérielle de l'OMC à laquelle participeront environ 30 pays majeurs membres de l'OMC. Cette rencontre est considérée comme la dernière chance de réaliser une avancée afin de conclure les négociations du cycle de Doha d'ici à la fin de l'année. Lancées en 2001 dans la capitale du Qatar afin de mettre la libéralisation des échanges au service du développement des pays pauvres, ces négociations butent en particulier sur le dossier de l'agriculture. Ce dernier fait beaucoup parler de lui notamment sur le Vieux Continent. Divisés sur les concessions à faire en matière agricole, les pays de l'UE s'efforceront malgré tout de s'entendre sur la ligne à suivre lors de la réunion ministérielle de demain. La France, par la voix de la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, a estimé vendredi dernier que l'Europe ne pourrait pas aller plus loin dans les compromis en matière agricole dans les négociations à l'OMC, réclamant en contrepartie des «signes» des pays émergents. De même, le président français Nicolas Sarkozy avait auparavant indiqué qu'il ne «laisserait pas faire» un accord à l'OMC qui sacrifierait la production agricole «sur l'autel du libéralisme mondial» et entraînerait, selon lui, la suppression de 100 000 emplois et une baisse de 20% de la production agricole européenne. Des chiffres que Bruxelles conteste. Le ministre irlandais des Affaires européennes Dick Roche appuie, lui, la position française et avance qu'il «défend une ligne très claire». De leur côté, certains pays industriels comme l'Allemagne sont particulièrement attentifs à ce que l'UE ne relâche pas ses efforts pour obtenir la plus grande ouverture possible des marchés industriels des pays émergents. En clair, l'Europe attend en échange des réductions de subventions et de droits de douane agricoles que les grands pays émergents comme le Brésil, l'Inde ou la Chine ouvrent davantage leurs marchés aux produits industriels et aux services. En d'autres termes, les pays de l'UE ont dit vouloir «rééquilibrer» les négociations lors de la réunion ministérielle cruciale de l'OMC. Lesquels pays ont insisté auprès de leur négociateur Peter Mandelson pour qu'il refuse toute nouvelle concession sur l'agriculture. Face à cette situation, M. Peter Mandelson, se voulant rassurant, a affirmé que l'Europe «ne pouvait accepter et n'accepterait pas un accord que nous ne pouvons pas défendre chez nous». Il reconnaît que «de nombreux compromis restent encore à trouver». Le directeur général de l'OMC Pascal Lamy a, lui-même, estimé dernièrement à seulement «plus de 50%» les chances de parvenir à un accord. Hier, encore, le ministre brésilien des Affaires étrangères, qui a dit que son pays est prêt à attendre trois ou quatre années de plus afin d'obtenir un meilleur accord que celui qui est actuellement sur la table de négociation à l'OMC, a balayé du revers de main les déclarations des responsables européens.«Si nous attendons, nous obtiendrons un accord meilleur que celui-ci», a lâché le ministre.«L'opinion publique change en notre faveur», a expliqué le responsable brésilien, évoquant les subventions agricoles des pays riches qui sapent les prix mondiaux et pénalisent les paysans des pays en développement. M. Amorim a accusé les pays développés de ne pas ouvrir suffisamment leur secteur agricole et d'exiger trop en échange des pays du Sud. «On ne peut pas arracher le maximum des plus faibles et donner seulement le minimum en échange», a-t-il dit. Il est utile de souligner que la rencontre de demain a été convoquée par l'OMC pour tenter de conclure les négociations de Doha. Celles-ci visent à mettre la mondialisation au service du développement du tiers-monde, en réduisant notamment les subventions agricoles des pays riches qui sapent la production des pays pauvres. En contrepartie, les pays développés demandent aux pays du Sud d'ouvrir davantage leurs frontières à leurs biens manufacturés.