Des doutes persistent sur la qualité du vaccin contre la grippe porcine aujourd'hui disponible dans les CHU et certaines polycliniques. Le produit fait peur plus que le virus lui-même. La polémique est d'autant plus grande que des médecins, des infirmiers, des radiologues affichent des réticences. Certains se montrent carrément opposés à la vaccination et la déconseillent aux malades, aux femmes enceintes, aux proches et aux amis. La mort de la femme-médecin à Sétif, trente heures après s'être fait vacciner, suscite davantage d'inquiétudes. Les informations sur le sujet sont contradictoires, les médecins sont divisés… et les laboratoires sont peu crédibles pour leur faire confiance, si l'on reprend les dires de nombreuses personnes qui ne voient dans cette nouvelle grippe qu'une manière de fructifier l'argent des laboratoires qui «seraient eux-mêmes les créateurs de ce virus». «C'est à éviter ! Je vous le déconseille», lance un agent de sécurité à l'hôpital de Kouba. La plus grande partie du personnel médical de l'hôpital, entre médecins, infirmiers et agents de sécurité, ont refusé de se faire vacciner, fait remarquer son camarade. «Les réfractaires» ont dû signer un papier pour «assumer leurs responsabilités». Chose qu'ils ont faite sans crainte, sans hésitation. Ils ne sont pas convaincus, ils ont donc fait ce que leur dicte leur conscience. «Faites ce que vous dicte votre conscience», lance un radiologue de l'hôpital, non sans exprimer son indignation devant la manière «peu humaine» de traiter les personnes suspectes d'avoir contracté le virus. «Ils les mettent en quarantaine et les livrent à eux-mêmes, les privant de tout contact extérieur, y compris avec leurs proches. Ils les affaiblissent davantage au lieu de les soutenir moralement et pourquoi pas leur assurer une prise en charge psychologique». Une jeune médecin conseille à sa sœur de ne pas répondre à l'appel de vaccination : «Il n'y a pas eu de débat sur la question et quand bien même il y en eut eu, ils ne nous ont pas associés. Nous ne connaissons pas les effets secondaires de ce vaccin et nous n'avons pas les moyens de faire face aux complications et aux chocs». Cela est plus difficile dans les polycliniques et autres centres de santé où il n'y a pas les équipements de réanimation et autres. Parfois même, pas d'ambulance pour le transport du patient. Au service épidémiologique du CHU Béni Messous, la vaccination des femmes enceintes a commencé hier. Très peu de personnes s'y sont présentées malgré les encouragements des soignants, à leur tête le chef de service. Ces derniers affirment avoir été tous vaccinés contre le virus et qu'ils se portent parfaitement bien. L'opération commence donc timidement et rien n'indique qu'il y aura affluence à l'avenir dans ce service. Ni d'ailleurs dans les autres services dans les autres CHU. Dans les polycliniques et centres de proximité, le vaccin n'est même pas arrivé. La grève des praticiens et praticiens de la santé publique n'est pas pour rassurer la population. En attendant les résultats de l'enquête sur la mort du médecin de Sétif, les responsables du ministère de la Santé réfléchissent sur les moyens de réussir leur campagne de vaccination. K. M.