Photo : M. Hacène Par Nabila Belbachir La confusion ambiante, la méconnaissance et le sentiment d'être mal informé conduisent à un véritable paradoxe puisque les Algériens ont plus peur du vaccin que de la grippe en tant que telle et sont sceptiques vis-à-vis de la vaccination. Pis, les professionnels de santé ne font pas preuve de beaucoup d'enthousiasme à se faire vacciner. Une semaine s'est déjà écoulée depuis le lancement officiel de la campagne de vaccination et le personnel de santé semble réticent et peu convaincu de ces vaccins. Des campagnes de vaccination sont prévues pour les professionnels de la santé afin de les sensibiliser davantage à se faire et faire vacciner. Dans ce sens, une rencontre est prévue jeudi prochain en présence des directeurs de la santé et de médecins, au siège de la tutelle. Par ailleurs, l'on s'interroge sur la manière de convaincre la population alors que même les médecins refusent de se faire vacciner ou de le préconiser à leurs patients ? Pour ces raisons, le ministère de la Santé a appelé, hier, lors d'un briefing sur la situation épidémiologique de la grippe porcine, à Alger, les praticiens de la santé à assumer leur entière responsabilité lorsqu'il s'agit de la préservation de vies humaines, tout en insistant sur l'attitude de certains d'entre eux à déconseiller le vaccin. «La vaccination des femmes enceintes contre le H1N1 ne devrait pas être déconseillée par les praticiens de la santé. Car il est un moyen efficace de protéger la femme enceinte contre le risque de complications», a expliqué le professeur Mesbah, épidémiologue et directeur de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Le spécialiste s'est interrogé sur cette «attitude» pour laquelle il s'est dit étonné. «Est-ce un moyen efficace d'éviter à la femme enceinte le risque de contamination ou de complications que de ne pas se faire vacciner ? Au contraire, répondra-t-il, il faut lui recommander le vaccin pour qu'elle puisse protéger sa santé et celle de son bébé.» Explicite, il insistera en disant que la femme enceinte est la plus exposée à cette souche grippale en raison de son état et de la vulnérabilité de son système immunitaire. Son risque d'infection par ce virus l'expose, cinq à dix fois plus que la population générale, à une difficulté respiratoire sévère et, dans certains cas, au décès. Et de rappeler, dans ce contexte, que les femmes enceintes de 20 semaines et plus passent en priorité de vaccination, après les personnels de santé des secteurs public, parapublic et privé, car la gestation peut être un facteur à risque, d'autant que cette maladie a déjà causé la mort de 11 femmes enceintes, parmi les 47 décès enregistrés. A titre d'information, la vaccination de cette catégorie a débuté hier sur tout le territoire national. A propos de l'évaluation de la campagne de vaccination des personnels de santé contre la grippe porcine, lancée mercredi dernier, le ministère a précisé qu'«aucun effet secondaire n'a été signalé jusqu'à présent, sauf deux cas mineurs sans gravité». N. B. Oseltamivir, disponible et gratuit Le ministère de la Santé a fait savoir, au cours d'un briefing, la disponibilité de l'antiviral Oseltamivir, connu sous l'appellation Tamiflu, au niveau des officines, sur les 48 wilayas du pays. Répondant aux questions relatives à la distribution de cet anti-viral, le ministère précisera que 500 000 boites à 75/ mg et à dosage adulte et 50 de 40/mg à dosage pédiatrique ont été distribuées à l'échelle nationale. Et de rappeler que l'Oseltamivir est distribué gratuitement aux personnes présentant un syndrome grippal et justifiant d'une ordonnance médicale. N. B. Décès de la femme médecin à Sétif Les causes de la mort et les résultats des analyses connus aujourd'hui Faisant suite aux rumeurs qui entourent le décès du docteur R.L, femme médecin, chef de service de réanimation au CHU de Sétif, qui s'est faite vacciner contre ce virus, le ministère a réaffirmé qu'elle est décédée 30 heures après la vaccination, ce qui écarte, précisera-t-il, toute éventualité d'un choc anaphylactique, alors que les premières réactions apparaissent 30 minutes et plus après la vaccination. Et d'ajouter : «Plus de 200 personnes ont été vaccinées du même lot de vaccins et 10 autres du même flacon». Les résultats de l'autopsie, à savoir l'anapathologie et la toxicologie, seront connus aujourd'hui ou demain selon le procureur de la République près le tribunal de Sétif.