Rien ne va plus à l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel de Bordj El Kiffan (ISMAS). Les 99 étudiants de cet institut, naguère haut lieu de la culture et de l'art, crient leur colère et orchestrent depuis hier une grève ouverte de trois jours en signe de protestation contre le traitement inqualifiable qui leur est réservé depuis plusieurs mois. En effet, ces étudiants se voient «chassés» de leur école, «squattée» par le Ballet national dont les danseurs se sont appropriés toutes les salles de cours pour les besoins d'un spectacle en cours de préparation. «Notre formation est en danger. On nous interdit maintenant de suivre nos cours dans notre propre institut à cause des répétitions du Ballet national. Une centaine de danseurs ont pris nos places dans nos salles et notre cité d'hébergement et nous, on se retrouve sans rien pour continuer nos études. C'est une situation absurde que nous ne comprenons pas», confient des représentants d'étudiants de l'ISMAS qui ont rendu visite hier à notre rédaction pour nous faire part de leur calvaire. Un calvaire qui a commencé l'année dernière lorsque le Ballet national avait pris possession d'une partie de l'ISMAS pour peaufiner ses préparatifs pour le Festival de la danse contemporaine. Mais cette année, le seuil du tolérable a été dépassé aux yeux des étudiants. La direction de l'école les a refoulés samedi dernier à l'heure de la rentrée universitaire après les vacances d'hiver, prétextant que l'ISMAS est désormais réservé à la troupe du Ballet national et celle du chorégraphe algérien Belagraa ! «La direction nous a même dit qu'un décret ministériel met notre institut à la disposition du Ballet national. Quant à notre devenir, personne n'a voulu nous fournir des explications. Comme quoi, notre avenir n'intéresse plus personne», racontent encore les étudiants qui ont enclenché à partir de dimanche dernier un mouvement de grève en bloquant les accès de l'institut afin de se faire entendre. «Le chargé de l'information du ministère de la Culture s'est déplacé sur place pour nous expliquer que ce sont des ordres venus d'en haut et que nous ne pouvons rien faire. Ainsi, à l'entendre, notre institut ne nous appartient plus, mais il est dédié à la préparation des spectacles du Ballet national», s'indignent les étudiants dont le cursus est tout bonnement en danger à cause de cette situation rocambolesque. «Dans quel pays avez-vous vu une administration chasser les étudiants d'un institut supérieur pour laisser des danseurs préparer leur spectacle ?» s'interrogent les étudiants. Pourquoi n'a-t-on pas consacré d'autres structures au Ballet national au lieu de les priver de leurs salles de cours et de leurs amphis, se demandent-ils. A. S.