De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Selon le professeur N. Zidouni, chef de service de pneumologie au CHU de Beni Messous, qui donnait, dimanche dernier, une communication à l'occasion d'un colloque international sur la santé et l'environnement dans les pays en développement, la qualité de l'air s'est sérieusement détériorée depuis quelques années dans les pays en développement, dont l'Algérie, pour deux raisons essentielles, elles-mêmes induites par les déplacements massifs des populations vers les grands pôles urbains : «L'industrialisation rapide et souvent anarchique et l'augmentation croissante du parc automobile ont eu pour conséquence la détérioration de la qualité de l'air dans ces pays», a-t-il dit non sans signaler que cette situation reste inconnue ou insuffisamment étudiée pour connaître son impact sanitaire. Une urbanisation accélérée et mal maîtrisée dans notre pays a conduit à un taux de 70 % d'occupation des villes en 1998, soit un rapport de trois citadins pour deux ruraux. Cette situation, présentée par le professeur Zidouni, a été chiffrée pour éclairer l'assistance, en majorité de la famille de la santé, sur la crise de l'environnement que les pays en développement en général, et l'Algérie en particulier, sont en train de vivre. 50,73% de la pollution de l'air provient des transports, soit le parc automobile, alors que 47,25% est la conséquence directe de l'activité industrielle, toujours selon le communicant qui n'omettra pas de mettre les 2% restants sur le registre des déchets incinérés, notamment. Pour faire face à cette pollution qui augmente les risques des maladies respiratoires chez la population, et sur la base des quelques études menées surtout à Alger, l'orateur préconise une démarche stratégique intersectorielle qui doit s'inscrire sur une dizaine d'années avec notamment la participation des secteurs de la santé et de l'environnement, surtout qu'il est admis que la pollution atmosphérique a un impact sanitaire collectif important, selon un autre intervenant lors de ce colloque, non sans établir un lien direct entre la pollution de l'air et les maladies prises en charge lors de consultations attribuables à la pollution atmosphérique. Un impact sanitaire qui aura des conséquences parfois dramatiques puisque selon une autre communication donnée sur une étude menée dans la wilaya de Béjaïa, les malades pauvres ne se soignent pas toujours comme il se doit pour des raisons socioéconomiques évidentes. Le colloque dont il est question se déroule sur deux jours au bloc pédagogique du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou et verra la participation de dizaines de professeurs et autres spécialistes et responsables au sein de ministères concernés par la problématique, dont certains viennent du Maroc, de Tunisie et de France.