La presse nationale publie ces derniers temps des scandales en cascade. Ils se suivent et ne se ressemblent pas. Ainsi, au moment où les autorités s'affairent à lancer une campagne contre la dilapidation des deniers publics et durcir encore plus les critères d'évaluation des projets publics, les affaires de corruption se sont étrangement multipliées. L'affaire de l'autoroute Est-Ouest reste pour le moment l'un des gros coups de filet opérés par les services de sécurité, lesquels ont réussi en un court laps de temps à mettre la main sur une poignée de responsables dont la voracité n'a d'égal que ce qu'ils convoitent. Considéré comme le projet du siècle, l'ampleur en a surpris même les observateurs étrangers, la réalisation de l'autoroute Est-ouest a été atteinte malheureusement d'un mal profond, à savoir la corruption. Les révélations faites dans la presse, presque régulièrement, ne cessent de choquer l'opinion publique. Il est tout de même utile de souligner que ce projet est un défi colossal à relever. Un projet qui changera irrémédiablement le paysage socio-économique du pays et qui apportera des bienfaits importants à d'innombrables secteurs d'activité. Bref, son utilité n'est pas à démontrer. Cependant, contre toute attente, il s'est avéré que des responsables chargés de veiller à son fonctionnement n'ont pas résisté à la tentation. Ils ont cherché à s'enrichir sur le dos du Trésor public et, par ricochet, dévorer les ressources générées par le sous-sol du pays. Alors que le taux de réalisation du projet suit son évolution régulière, une enquête déclenchée par les services de sécurité découvre le pot aux roses. Des responsables du ministère des Travaux publics seraient impliqués dans des malversations en rapport avec «le projet du siècle». Ils utilisent des intermédiaires, notamment des entrepreneurs sous-traitants pour obtenir d'importantes commissions de l'entreprise chargée de réaliser la partie ouest de l'autoroute en échange de facilités dans le contrôle des travaux, l'approvisionnement en remblais et matériaux de construction. Pis, le groupement chinois aurait subi des pressions de la part de responsables pour l'obliger à verser des pots-de-vin. Outre les commissions, les même personnes n'auraient pas hésité à demander aux étrangers des avantages personnels tels que les visas, des téléphones portables, des caméras, selon des informations relayées par la presse. Par ailleurs, on signale que des rapports présentés au président de la République relèvent que les délais de livraison avancés par Amar Ghoul ne seront pas possibles, et que le projet ne serait pas réalisé avant quelques années. Ces rapports présentés au chef de l'Etat signaleraient, en outre, que le pourcentage d'achèvement de l'autoroute se situerait entre 30 et 40%, contrairement aux chiffres avancés par le ministre qui avancent de 80% et plus. Les mêmes documents, qui rappellent que le budget initial de ce projet était d'environ 4 milliards de dollars, signalent que 13 milliards de dollars ont été engloutis et qu'il dépassera largement les 20 milliards de dollars, rapportent certains titres de la presse. L'enquête, qui devrait se poursuivre et s'étendre à d'autres intermédiaires risque de faire tomber d'autres têtes. A présent, les observateurs de la scène nationale estiment qu'il ne s'agit là que de la partie visible de l'iceberg. Qu'en est-il du reste ? Pour connaître la réponse, il faut attendre ! Quoi qu'il en soit, ce mal qui ronge une partie de l'économie nationale reste redoutable dans la mesure où ses réseaux sont complexes. La corruption touche pratiquement tous les pays de la planète. Elle est tolérée à un certain niveau, disent les plus avertis, mais menace les fondement des instituions au cas où elle est érigée en règle. En Algérie, malgré la volonté palpable d'éradiquer le phénomène, il faut reconnaître qu'un travail d'Hercule attend les pouvoirs publics. Faudrait-il peut-être s'attaquer à l'environnement qui est plus que favorable à la propagation de ce phénomène ? S. B.