Ouvert récemment, le dossier du foncier détourné commence à livrer ses premières affaires. Hier, des arrestations ont été opérées à M?sila après celles intervenues dans d?autres villes du pays. M?sila s?en va-t-en guerre contre la mafia locale du foncier. Hier, quatorze personnes, dont cinq directeurs de l?agence foncière de la wilaya, ont été placées sous mandat de dépôt pour «détournement et dilapidation de terres agricoles» dont le préjudice causé au Trésor public s?élèverait, selon des sources judiciaires, à quelques dizaines de milliards de centimes. Ces arrestations, qui entrent dans le cadre de l'enquête sur la gestion de l'agence durant les huit dernières années, n?ont été possibles que lorsque les autorités compétentes de la wilaya avaient demandé l'ouverture d'une instruction sur la gestion du foncier et ce après avoir enregistré plusieurs violations durant la période 1997-1999. Plus grave encore, l?affaire concerne aussi d?autres personnalités de la wilaya sur lesquelles pèsent de lourds soupçons. Eclaboussées, celles-ci seront très prochainement traquées par la justice. L?affaire de M?sila n?est malheureusement pas un cas isolé. D?autres affaires de détournement du foncier agricole, toutes aussi préjudiciables, sont signalées çà et là, poussant le ministère de l?Agriculture à proposer au Chef du gouvernement deux lois pour la sauvegarde d?un patrimoine qui, selon Saïd Barkat, a déjà «perdu 126 000 ha rongés par le béton». C?est dans ce cadre précis que le colonel Alioua, de la Gendarmerie nationale, a déclaré dans un point de presse il y a deux jours, que «l?enquête avance à grands pas». Sitôt saisi par le département de l?Agriculture, le ministère de la Justice a sorti la grosse artillerie : 220 accusés ont dû défiler il y a quelques jours devant le tribunal de Mascara. Le verdict étant attendu pour la semaine prochaine. Des dizaines de personnes sont accusées d?avoir partagé entre elles Bouchaoui. 28 ha de terres agricoles ont été détournés de leur vocation à El-Achour, porte nord de la Mitidja, avec l?arrestation de plusieurs personnes dont Mme le maire, accusée d?avoir délivré, à elle seule, le chiffre record de 1 100 décisions d?attribution de lots de terrain ! Préjudice financier : quelque 40 milliards de centimes. Les enquêtes «sans délai» se suivent et se ressemblent depuis que Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, a instruit, le 23 janvier 2005, les procureurs généraux près les cours d?Alger, d?Oran, de Constantine et de Blida, d?ouvrir des enquêtes préliminaires sur les détournements et les transactions illicites. Le tribunal d?Alger vit actuellement les péripéties du scandale du foncier de la wilaya d?Oran, avec comme principal accusé Bachir Frik, ex-wali d?Oran, coupable, aux yeux de la justice, «d?avoir dilapidé des deniers publics».