L'ouverture, le 21 décembre dernier, du service d'aide médicale d'urgence (SAMU) de Boumerdès, destiné à l'accueil de personnes sans domicile fixe (SDF), a suscité un élan de satisfaction unanime dela part des représentants du mouvement associatif local. Selon le responsable de la direction de l'action sociale (DAS), la création de cet établissement social (unique en son genre à l'échelle nationale, car jouissant d'une autonomie financière et statuaire) se fonde sur un décret exécutif daté du 15 juillet 2008 portant sur les modalités de création et organisation du SAMU. Une «importance primordiale est conférée à ce projet pilote, car c'est de son succès que dépend la généralisation future de cette expérience au niveau des autres wilayas du pays», a assuré le DAS. «Sa mission principale consiste en la prise en charge des personnes en situation difficile ou sans domicile fixe [SDF]» et parallèlement à «prêter assistance aux personnes en situation précaire, en les orientant vers les centres d'accueil pour y recevoir l'aide nécessaire», a-t-il souligné. Toutes ces actions se font en totale coordination avec les autorités et le mouvement associatif, dont les efforts sont orientés vers un objectif commun, à savoir «aider à la réintégration familiale des personnes concernées», a-t-il précisé. Selon le décret exécutif sus mentionné fixant le statut de cet établissement, cette structure est un «centre de transition destiné à accueillir, à titre temporaire, des catégories de personnes en difficulté». «Le délai de séjour ne doit pas dépasser les deux semaines, pour chaque personne qui bénéficiera durant toute cette période d'une assistance médicale et psychologique, en plus du gîte, de la nourriture et des habits qui lui sont automatiquement assurés», a-t-on encore indiqué à la DAS. Cette période de séjour est également mise à profit par les responsables du centre qui effectuent des enquêtes sociales sur leurs pensionnaires, en coordination avec les DAS de leur lieu de résidence d'origine suivant chaque cas, «dont la prise en charge sera déterminée en fonction des informations obtenues», est-il souligné. «Cependant, notre première priorité consiste à aider à la réintégration de ces personnes dans leur famille d'origine», a soutenu le DAS, qui ajoute que «si cette tâche nous est impossible, nous leur garantissons néanmoins une prise en charge au niveau des centres spécialisés de l'Etat, à l'exemple des Diar Rahma et autres foyers pour personnes gées». L'établissement est doté de neuf ambulances, dont l'encadrement est assuré par un médecin et des représentants de la Protection civile et du Croissant-Rouge algérien (CRA), pour couvrir l'ensemble du territoire de la wilaya, notamment en période hivernale. Trois psychologues, un médecin généraliste et des représentants associatifs assurent actuellement le bon fonctionnement de ce centre de 40 lits, dans l'attente de la désignation d'un responsable à sa tête, selon la même source. «Nous avons accueilli à ce jour 29 personnes», a indiqué une des psychologues, qui précise que les personnes accueillies «sont issues des wilayas de Boumerdès, Relizane, Oran, Alger et Blida». Elle a signalé que certains ont déjà été réorientés vers d'autres structures plus adéquates. Approché par l'APS, un des pensionnaires du centre affirme être venu d'une wilaya du centre du pays. Il a indiqué avoir été «recueilli» par une ambulance du centre, par «une nuit glaciale, dans une rue de Boudouaou». «J'ai été conduit à ce centre où j'ai bénéficié d'une très bonne assistance», a assuré ce quinquagénaire. Il a affirmé vouloir «rester plus longtemps au centre, jusqu'à ce qu'il puisse régler ses problèmes» sur lesquels il est resté muet. «Je ne veux pas retourner dans la rue», s'est-il contenté de dire. Dix personnes essayant, tant bien que mal, de cacher leurs difficultés sociales se trouvaient au niveau de ce centre le jour de cette visite. «Divorce, conflits familiaux, chômage et fugues» sont les principales causes qui les ont poussées à «choisir la rue», selon leurs propres déclarations, tout en exprimant «leur souhait d'obtenir une aide pour retrouver une vie normale». APS