La grève des praticiens spécialistes et des praticiens de la santé publique, qui perdure, rejoints par la corporation des paramédicaux, pénalise fortement les malades. Déjà qu'en temps normal, le citoyen a tout le mal du monde à accéder aux soins, voilà que cette grève vient rendre la situation encore plus pénible. Une quinzaine de cancéreux se sont vus refuser l'accès à la chimiothérapie au Centre anticancéreux Pierre et Marie Curie (CPMC). Médecins et paramédicaux avancent qu'ils font grève et refusent de soigner les malades qui affluent nombreux dans les hôpitaux. Même les cas les plus critiques ne sont pas pris en charge, constate-t-on. Des malades cancéreux se sont déplacés de l'intérieur du pays, notamment de Béjaïa, de Baghlia, de Jijel, et de Dellys pour être carrément renvoyés dès leur arrivée au CPMC. Les malades qui ont fait des kilomètres et qui se sont présentés sur rendez-vous au CPMC ont dû rebrousser chemin. «J'avais un rendez-vous pour une séance de chimiothérapie mais j'ai été refoulée par l'infirmière», nous affirme une malade dans le désarroi et qui devait effectuer sa dernière séance de chimiothérapie avant d'effectuer une intervention chirurgicale. L'arrêt de son traitement hypothèque sérieusement ses chances de guérison mais cela ne semble pas déranger le personnel gréviste. «Le plus dramatique dans cette grève est le fait que le service minimum ne soit pas assuré», nous dit-elle avant de lâcher : «C'est inhumain.» Cette situation catastrophique montre qu'il y a bel et bien «non-assistance à personne en danger», estime l'association Nour Doha d'aide aux cancéreux qui dénonce l'attitude des grévistes qui n'ont pas respecté le service minimum. C'est tout le traitement des cancéreux qui est compromis et toute la vie des malades qui est mise en danger. Dans les hôpitaux publics paralysés par la grève, les patients ne savent plus quoi faire. Ils se disent les principales victimes du bras de fer qui oppose syndicats de la santé et tutelle. Mme Samia Gasmi, présidente de Nour Doha, lance un appel urgent au ministre de la Santé et lui demande d'intervenir pour mettre fin au calvaire des malades. La grève du secteur de la santé, motivée par des revendications somme toute légitimes, risque de faire des dégâts et de porter préjudice aux malades pris en otage dans un conflit qui s'éternise. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière avait appelé les médecins grévistes à «la pondération et à la reprise du travail», estimant que «les efforts de tous sont recommandés dans ces circonstances tout comme il est essentiel de placer l'intérêt du malade au-dessus de toute autre considération». Mais les grévistes entendent bien aller jusqu'au bout de leurs revendications. A. B.