Le pont aérien est un procédé presque aussi vieux que les avions de transport. Utilisé essentiellement en situation de crise, c'est le moyen le plus rapide -mais aussi le plus coûteux- pour transporter des hommes ou de la marchandise lors de missions humanitaires ou militaires. Le plus célèbre pont aérien reste celui utilisé par les forces occidentales entre le 23 juin 1948 et le 12 mai 1949 pour alimenter Berlin lors de son blocus par les Soviétiques. Mais, depuis le mois de novembre dernier, l'Algérie devrait figurer sur le Guinness Book des records. En deux jours (du 16 au 18 novembre) sur ordre du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, plus de 10 000 Algériens ont décollé des aéroports algériens vers celui de Khartoum (Soudan). En tout, pour l'aller et le retour (moins d'une semaine) 103 vols ont été programmés pour transporter quelque 32 000 personnes. Faramineux ! La raison de ce déplacement est le match qui a opposé l'équipe nationale algérienne de football à son homologue égyptienne. Une rencontre historique par son enjeu et la rivalité qui oppose les deux sélections. A la clé, une place au Mondial sud-africain très convoitée par les deux pays qui n'avaient pas participé à cette compétition depuis plus de vingt ans. Aujourd'hui, l'opération se répète. De moindre envergure, certes, vu la distance qui sépare l'Algérie de l'Angola, pays organisateur de la CAN 2010, et aussi au regard de la courte période de temps. La rencontre que disputent les Verts à Benguela est d'autant plus importante qu'elle aura lieu face à l'Egypte. Déjà que les fédérations de football des deux pays et leurs supporters attendent la décision de la FIFA sur les événements qui ont suivi les deux précédentes rencontres entre les deux sélections au Caire et à Oumdormane. Quelques heures après l'annonce de la qualification de l'Egypte aux demi-finales, qui la met face à l'Algérie, une réunion ministérielle restreinte est organisée en Algérie pour organiser, selon les directives du président de la République, le départ des supporters algériens pour Benguela. La compagnie aérienne Air Algérie et l'Office national du Tourisme (ONAT) en plus de quelques autres agences de voyages sont mis en branle pour transporter le maximum de fans. L'information circule rapidement et les férus des Verts se mobilisent en nombre. Malgré la subvention du prix du billet d'avion (60 000 DA contre 135 000 habituellement) et l'allègement des formalités de départ, beaucoup d'Algériens resteront sur leur faim. Seuls 4 avions sont programmés à partir de l'aéroport Houari Boumediene pour transporter près de 900 personnes «seulement». Même si ce nombre est important, il reste que le record de Khartoum est loin d'être égalé. C'est frustrant pour un grand nombre de fans. Il est clair que les facteurs distance et temps ont joué en défaveur des supporters, mais il faut également noter le manque d'anticipation, d'imagination et d'organisation des exécutants. Au regard de l'excellent parcours de l'équipe nationale et de son match référence face à la Côte d'Ivoire, une telle opération aurait dû être prévue. D'autant que Halliche et ses coéquipiers aiment jouer sous les regards et acclamations des leurs et sollicitent à chaque fois les autorités pour qu'elles fassent de ce désir une réalité. Gageons que ces dernières ont prévu le coup pour la finale et, plus loin, la Coupe du monde en Afrique du Sud. S. A.