De notre envoyé spécial à Benguela Abdelghani Aïchoun Benguela. Troisième étape de la sélection nationale de football, après Luanda et Cabinda. Une autre ville angolaise qui accueille cette 27e édition de la Coupe d'Afrique des nations. Les Verts n'ont donc raté que Lubango, la quatrième ville. Des trois villes que les Algériens ont visitées, Benguela paraît, à première vue, la plus sympathique. La plus accueillante même. Contrairement à la capitale où les «sorties», notamment nocturnes, étaient déconseillées par les organisateurs, ou bien Cabinda, où carrément il faut une escorte des services de sécurité pour «oser» une virée dans la ville -l'enclave de Cabinda connaît de temps à autre des incidents provoqués par des séparatistes de la région, comme ce fut le cas deux jours avant l'entame de la CAN lorsque le bus transportant la délégation du Togo a été attaqué, entraînant la mort de deux membres du staff et le retrait de l'équipe de la compétition-, à Benguela, les étrangers se promènent, même la nuit, sans inquiétude aucune. De grands boulevards, très propres -la comparaison est toujours faite avec la capitale- comme le boulevard du 10 Février, partagent le centre-ville en plusieurs îlots d'habitations. Sur ce boulevard précisément, d'impressionnantes villas «agressent» la vue. La conclusion est vite trouvée. Le centre-ville est majoritairement «occupé» par la bourgeoisie locale. Et par locale, il faut lire aussi le reste des descendants des Portugais, les anciens colonisateurs. Ainsi, mardi dernier, vers onze heures du soir, sur cette même voie, plusieurs bars, restaurants ou salons de thé étaient toujours ouverts. Beaucoup accueillent une clientèle «occidentale». Et là où circulent les «Blancs», librement et à une heure tardive de la nuit, cela veut dire que la sécurité y règne, concluraient certains. En tout cas, contrairement à la capitale, l'«étranger» s'y sentirait en sécurité. Entre-temps, de superbes et gigantesques jardins, certains même ayant sur le sol du tartan artificiel, donnent à la ville un air beaucoup plus joyeux. «Il aurait été préférable que le tirage au sort eût mis les Verts dans le groupe C», disent certains journalistes algériens. «Même le stade de Benguela a une pelouse en bon état», ajoute-t-on. La ville, à l'architecture européenne, évidemment, est très bien entretenue. Les bâtisses, quoique très anciennes pour plusieurs d'entre elles, donnent l'air d'être neuves. Signe d'une bonne prise en charge par le gouvernement provincial de Benguela des affaires de la cité ? En tout cas, la bonne impression qu'offre la ville contraste avec les bidonvilles qui l'encerclent de part et d'autre. Ainsi, Benguela ne déroge pas à la règle angolaise. Même si le pays est en pleine reconstruction, il n'en demeure pas moins que des milliers de familles, dans chaque ville, vivent dans des baraques de fortune. Ceux-là fuient, en général, l'intérieur du pays pour s'installer aux alentours des villes ou carrément à l'intérieur des terres, comme c'est le cas pour Luanda. Donc, ce ême phénomène est observé à l'entrée de Benguela. Il n'y a qu'à voir les centaines de bidonvilles surplombant le stade Academica Pétroléos qui se trouve à Lobito, ville située à l'entrée de Benguela, dans lequel l'équipe nationale algérienne s'est entraînée au premier jour de son arrivée dans cette province, vendredi dernier. Des familles logent dans des «maisonnettes» de quelques mètres carrés, construites en pierre quelquefois, qui «couvrent» pratiquement toutes les montagnes autour. Néanmoins, comme signalé plus haut, la ville de Benguela, loin de ses bidonvilles, a l'avantage de «bien» accueillir ses visiteurs. Ses habitants sont tout aussi accueillants. A force de côtoyer des Portugais, notamment, qui sont très nombreux dans la région, les «autochtones» se sont, apparemment, habitués aux «étrangers». Le seul hic à Benguela, ce qui est le cas également pour les trois autres villes où se déroulent les matches de la CAN, c'est que, hormis les quelques affiches plantées ici et là par les autorités, rien n'indique qu'elle accueille une compétition continentale. Aucune animation, encore moins de débats dans les rues autour des rencontres. En plus du fait que les Angolais sont beaucoup plus portés sur le basket-ball, l'élimination, en quarts de finale des Palancas Negras a accentué, ou bien c'est juste un «retour à l'ordre», cette monotonie. Malgré cela, Benguela sait présenter ses autres atouts. Elle charme et met en confiance. Rien n'indique que cette ville, hormis quelques «impacts» de balles sur les devantures de quelques rares habitations non encore refaites, a été le théâtre, comme la majorité des autres localités angolaises, d'une guerre civile qui a duré plusieurs années.