La Fondation Bill et Melinda Gates a annoncé vendredi dernier qu'elle allait investir dix milliards de dollars au cours des dix prochaines années pour la recherche sur de nouveaux vaccins et leur distribution dans les pays les plus pauvres.Le cofondateur de Microsoft et son épouse ont appelé les gouvernements et le secteur privé à augmenter leurs investissements dans ce domaine. Selon eux, cet argent pourrait aider les pays en développement à réduire la mortalité infantile, en s'assurant que 90% des enfants sont protégés contre des maladies dangereuses. «Nous devons faire de cette décennie celle de la vaccination», a noté Bill Gates dans un communiqué diffusé à l'occasion du Forum économique mondial de Davos. «Les vaccins sauvent et améliorent déjà des millions de vies dans les pays en développement. En innovant, il sera possible de sauver plus d'enfants que jamais.» «Les vaccins représentent un miracle», renchérira son épouse. «Avec quelques doses seulement, ils peuvent prévenir des maladies mortelles pendant toute une vie», affirme Melinda Gates. Réagissant à cette annonce, la présidente de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan, a qualifié cette contribution de sans précédent. Mieux, elle saisira l'occasion pour demander aux chefs d'Etat et aux patrons d'en prendre de la graine. Mme Chan exhortera les gouvernements et les donateurs privés à suivre l'exemple des époux Gates et à en faire autant. «Deux millions de décès d'enfants de moins de cinq ans supplémentaires pourraient être évités d'ici à 2015 avec l'utilisation massive de nouveaux vaccins et une hausse de 10% de la couverture vaccinale mondiale» pourra être garantie, a souligné la responsable de l'OMS.Créée en janvier 2000, la fondation Bill et Melinda Gates fait chaque année des dons plus importants que les dépenses de l'OMS. La fondation qui tente de combattre de nombreuses maladies dans les pays en développement (paludisme, sida, tuberculose…) a, jusqu'à présent, contribué à hauteur de 4,5 milliards de dollars à la recherche sur les vaccins, selon Bill Gates. L'organisation estime que 7,6 millions d'enfants de moins de cinq ans pourraient être sauvés d'ici à 2019 grâce à sa contribution. Elle juge aussi que 1,1 million d'enfants supplémentaires pourraient être sauvés par l'introduction d'un vaccin antipaludéen d'ici à 2014. Hormis les contributions financières, la fondation porte son combat sur la scène politique. C'est ainsi que Bill Gates a saisi l'occasion du sommet économique de Davos (Suisse) où se sont réunis la semaine dernière les argentiers des pays les plus riches pour débattre de l'après-crise économique, pour faire part dans une lettre de son inquiétude quant à la prévalence et l'omniprésence de la lutte contre le réchauffement climatique au détriment de la santé.Évoquant les 100 milliards de dollars d'aide annuelle aux pays pauvres consentie par les pays industrialisés lors du sommet de Copenhague en faveur de la lutte et de l'adaptation au réchauffement climatique, le fondateur de Microsoft dit craindre qu'«une partie de cet argent ne provienne d'une réduction de certaines catégories de l'aide étrangère, en particulier dans le domaine de la santé». Bill Gates fait part de ses appréhensions des effets négatifs que cela pourrait avoir sur les efforts faits, ou à faire, en faveur de la santé. «Si seulement 1% de l'objectif de 100 milliards de dollars provient du financement de vaccins, alors 700 000 enfants risquent de mourir de maladies que l'on peut prévenir», écrit-il dans sa lettre au forum de Davos. Et d'ajouter que réduire les efforts en faveur de la santé pourrait avoir un impact néfaste sur l'environnement «parce que les améliorations dans le domaine de la santé, notamment le planning familial volontaire, poussent les gens à avoir des familles plus petites, ce qui réduit l'empreinte écologique». R. C.