Photo : M. Hacène Par Abderrahmane Semmar Le complexe téléphonique d'Algérie Télécom situé à Aïssat Idir, au centre d'Alger, vit aujourd'hui au rythme tumultueux d'un mouvement de grève de la faim déclenché par une vingtaine de travailleurs de l'OPS, le centre de transfert des communications. En réalité, ces travailleurs grévistes s'élèvent contre la décision de leur affectation du centre d'appel vers d'autres services de la compagnie publique. En effet, la direction du complexe de Aïssat Idir a décidé de supprimer la brigade nocturne, à savoir celle officiant de 21h à 7h, comprenant pas moins de 29 employés, et ce, pour améliorer la rentabilité de ce centre qui ne reçoit pas plus de 30 appels durant la nuit. Le directeur territorial des télécommunications, M. Dali, nous a expliqué hier à ce sujet qu'il ne s'agit là non d'une réduction d'effectif mais seulement d'un nouveau redéploiement du personnel des OPS. «Par exigence de rentabilité, les OPS de Constantine et d'Oran ont été fermés récemment. A Alger, nous avons préféré supprimer seulement la brigade nocturne. Il faut savoir qu'Algérie Télécom est en train de construire 3 nouveaux call-canters pour les besoins de ses services. Dans ce sens, nous ne pouvons plus nous permettre de maintenir l'activité des OPS dont le rendement est très faible. Nous avons donc soumis une fiche de vœux à nos travailleurs pour qu'ils choisissent eux-mêmes leur lieu d'affectation le plus proche, qui plus est, de leur domicile», confie à ce propos M. Dali, lequel assure que ces travailleurs garderont leur salaire intact. Cependant, cela n'a nullement convaincu les grévistes qui démentent catégoriquement les arguments avancés par la direction du complexe de Aïssat Idir. «Ce n'est pas le rendement du service qui préoccupe notre direction. Sinon, elle aurait modernisé les vieux équipements avec lesquels nous travaillons depuis des dizaines d'années. Malgré cela, sachez que nous avons eu à traiter chaque nuit plus de 2 000 appels. C'est vous dire que ce ne sont pas les appels qui manquent au niveau de notre OPS», précisent ces travailleurs allongés sur leurs lits de fortune installés en face du bâtiment de leur direction. Ces travailleurs sont partis jusqu'à accuser leurs responsables de «complot ourdi». «On veut nous muter parce qu'on n'a jamais cessé de dénoncer l'état calamiteux des équipements de notre centre. Sachez que, ces derniers mois, on travaillait la nuit sans même de moyens de transport à notre disposition. Ce n'est pas nous qui portons préjudice à la rentabilité du centre mais bel et bien l'administration qui ne veut pas améliorer les équipements. D'ailleurs, l'Aïd dernier nous avons perdu plus de 8 000 appels à cause du matériel rustique du centre», dénoncent à haute voix ces travailleurs qui ne contestent pas réellement, au bout du compte, leur affection, mais la manière dont ils ont été traités. «Après 34 ans de service, on vient me donner une fiche de vœux en m'ordonnant de partir dans les 48 heures», déclare un ancien travailleur alors que ses confrères accusent l'administration de vouloir les licencier indirectement en usant de ce subterfuge car «rien ne nous assure réellement qu'on pourra être repris dans d'autres complexes. On nous demande juste de faire un choix et d'attendre une convocation !» révèlent-ils en nous affirmant qu'ils iront jusqu'au bout de leur grève. Enfin, de son côté, M. Dali réfute ces accusations et épingle à son tour les grévistes en les qualifiant de noyau dur et qui s'accrochent à certains privilèges dus «à leur rang de syndicalistes». «La plupart d'entre eux travaillent ailleurs le jour et c'est pour cela qu'ils ne veulent pas partir d'ici. Ils veulent travailler comme bon leur semble en imposant même leur loi. Plusieurs problèmes ont éclaté entre eux et les agents de sécurité qui refusent de les laisser sortir avant la fin des horaires de travail. Sachez que leurs propres collègues à l'OPS ont signé une pétition contre les agissements indélicats de ce noyau de travailleurs, lequel porte un sérieux préjudice à l'entreprise. Nous avons transmis dans ce sens plusieurs rapports à la direction générale», souligne en dernier lieu M. Dali.