Rien ne va plus au niveau du complexe téléphonique Aïssat-Idir (1er-Mai). Les employés de cette entreprise d'Algérie Télécom sont en grève de la faim depuis jeudi dernier, non pas pour demander une augmentation de salaire mais pour exiger que les conditions de travail soient améliorées. Sur place, derrière le bureau d'accueil, 29 agents de nuit et de demi nuit sont rassemblés pour observer une grève. Sur les pancartes collées au mur, on peut lire : « nous sommes en grève de la faim » et « dénonciation égale mutation ». Les représentants de ce groupe crient au scandale. « Nous payons la dénonciation de la mauvaise gestion de la responsable de ce complexe ». Selon leurs propos, ils exercent dans des conditions pénibles et avec une technologie des années 80 pour faire face aux exigences de l'ère du numérique. « Ce n'est pas avec les moyens de bord qu'on fait marcher un centre de transmission qui sert toutes les communication internationales », font-ils remarquer avant d'ajouter qu'« il fallait voir dans quelles conditions nous avions assuré la retransmission des matchs de la CAN 2010, et probablement ceux du Mondial prochain ». Du côté de la direction, le responsable territorial des Télécom, Abdelmalek Dali, a fait savoir que le problème est autre que celui exposé par le personnel gréviste. Le véritable problème est dans la productivité. « Aucune entreprise ne pourra supporter la charge de 40 travailleurs pour assurer la transmission d'une moyenne de 30 appels, demandés par nos clients, vers l'international ». A cet effet, le P-DG d'Algérie Télécom a demandé le redéploiement du personnel pléthorique exerçant en nuit et demi nuit (18 h-23 h et 22 h-7 h du matin), de ce centre OPS vers d'autres centres. Suite au rapport de l'inspection générale, le complexe téléphonique a décidé de cette réorganisation. Des fiches de vœux d'affectation leurs ont été adressées. Les employés sont donc invités à choisir le lieu de leur affectation au plus tard le jeudi dernier. A ce titre, selon M. Dali, la direction essaye d'arranger chaque agent dans le choix du centre d'affectation : Actel, CPT ou autre centre, en privilégiant le rapprochement du lieu du domicile. Cette décision n'a pas été au goût des protestataires. Elle les empêcherait, selon notre interlocuteur, d'exercer des tâches en parallèle. C'est ainsi qu'une grève de la faim a été enclenchée. A propos, justement, de cette fiche de vœux, les employés ont souligné que cette dernière est suivie d'une sanction. « Tout refus d'exécuter la présente instruction sera considéré comme une faute de 3e degré et sera sanctionné par la mutation d'office de l'intéressé, vers un autre site de travail », peut-on lire en bas de la fiche de vœux. Ces derniers ont fait savoir qu'ils ne sont pas contre leur redéploiement mais à condition que « les choses soient faites dans les règles de l'art ». Selon eux, on ne se « débarrasse pas » de la sorte des employés dont la plupart ont plus de 25 ans de service. Quatorze d'entre eux sont à une semaine de la retraite. Dans le cas où la grève persiste, M. Dali a affirmé qu'il va recourir à la justice pour « abandon de poste et grève illégale ». Les employés, quant à eux, espèrent l'intervention de PDG du Groupe pour que justice soit faite. Contacté au téléphone, justement à propos de cette affaire, ce dernier a affirmé qu'« Algérie Télécom a jugé que le travail de la nuit n'est pas aussi rentable que celui du jour, pour cela nous avons décidé de les faire travailler pendant la journée et dans des lieux différents ». Pour M. Benhamadi, l'origine de cette affaire réside dans le fait que « la nouvelle affectation n'arrange pas les travaux en parallèle qu'exercent ces agents pendant la journée », a-t-il souligné. Le premier responsable du Groupe se dit toutefois « optimiste quant à la résolution du problème dans les plus brefs délais ».