L'association El Mouahidia de Nedroma vient d'éditer un livre intitulé Nedroma, ville d'art et d'histoire. Cet ouvrage retrace toute l'histoire de cette cité berbère, qui, selon la plupart des historiens, est une cité qui portait le nom de Fellaoucène à l'origine. Elle portait donc le nom de la montagne qui la domine. Fellaoucène est un nom berbère composé de deux éléments «Fella» qui veut dire «sur» ou «plus haut que» et «Oucène» qui veut dire «village». Le livre évoque par ailleurs l'histoire de la période almoravide au cours des Ve et VIe siècles de l'hégire, de l'édification de la grande mosquée almoravide, où une épigraphe trouvée près du «minbar» (chaire à prêcher, ndlr) de la mosquée indique la date de sa construction qui remonte au temps de l'émir Ben Youcef ben Techfine en l'an 1081, c'est-à-dire 4 ans avant la naissance de Abdelmoumene ben Ali, le futur roi des Almohades, qui allait jouer un grand rôle dans l'histoire du Maghreb. Cet ouvrage, composé de plusieurs chapitres, parle également de l'histoire de la grande mosquée almoravide de Nedroma, considérée comme l'une des plus anciennes d'Algérie. Par ailleurs, un espace est réservé à l'historique du «Hammam El Bali almoravide» (vieux bain maure) situé en face de la grande mosquée, au sud-est de la place de la Tarbi'a. Ce bain maure, annexe de la grande mosquée, a été construit pour permettre aux fidèles d'effectuer leurs ablutions. Même si la date de sa construction n'est pas connue, les chercheurs estiment qu'il fut érigé pendant la période almoravide entre 1095 et 1147. Pour étayer leurs affirmations, ils évoquent le style architectural de l'édifice. Mais aucun document ne l'atteste cependant. D'autres thèmes ont été abordés, notamment la période almohade, le palais du sultan almohade, ou la petite Casbah de la ville de Nedroma, la période Beni Abdelouad, les principaux édifices érigés par les Ziyanides à Nedroma, à l'image du minaret de la grande mosquée, en passant également par la période ottomane, jusqu'au mouvement soufi avec ses zaouïas, entre autres, celles des confréries Aïssaouia, Derkaouiya, Qadiriya, etc. L'ouvrage évoque également l'art musical, puisque Nedroma est connue pour sa musique et les compositions musicales qui lui sont propres. Chaque quartier de la ville abritait un lieu de loisirs qu'on appelait «Borj», qui, plus tard, prit le nom de «Masria», où les jeunes venaient se mêler aux anciens qui leur enseignaient la musique andalouse, les mélodies des différentes noubas et leur apprenaient à jouer de divers instruments. La chanson haouzie et le madih font partie également du répertoire des orchestres de la ville. A cela s'ajoute un passage sur la vie du cheikh et poète Mohammed Remaoun En'nedroumi, auteur de nombreux poèmes populaires (genre haouzi) qu'il chantait lors de mariages et à l'occasion de diverses festivités. Il jouait d'un instrument traditionnel appelé «el goumbri» et de la «kouitra», genre de cithare. Un autre chapitre du livre présente les métiers traditionnels exercés dans la ville de Nedroma, une ville fière de la richesse et de la diversité de son artisanat local qui a fait sa notoriété.