Quatre fois cette saison, Cyril Dessel a été en position de gagner, quatre fois il a gagné : doux comme un agneau dans la vie mais décrit comme un «tueur» sur le vélo, le Stéphanois reverdit après une saison 2007 gâchée par des ennuis de santé. «En fait, le plus dur pour Cyril, c'est de se mettre dans une échappée», s'amuse son directeur sportif chez AG2R et son «meilleur ami», Julien Jurdie, avec lequel il a couru en amateurs à Saint-Étienne. «Il a un mental de tueur, poursuit Jurdie, et cela se retrouve quand il est devant. S'il est dans une échappée qui arrive au bout, il va forcément jouer la gagne. Dans la vie, c'est quelqu'un de têtu et sur le vélo, c'est une qualité.» Dessel, c'est monsieur 100% cette saison. Après une étape des Quatre jours de Dunkerque, une étape du Tour de Catalogne et une étape du Dauphiné libéré, toutes gagnées après une échappée, il a refait le coup sur le Tour. Son fait d'armes, jusqu'alors, était d'avoir un jour revêtu la tunique jaune. Mais pour le meilleur tricolore du Tour 2006 (6e), âgé de 33 ans, fan des Verts de Saint-Étienne et de Miguel Indurain, «pour son calme, son allure sur le vélo et sa manière de courir», il n'en a pas toujours été ainsi. Au contraire, en 2004, Dessel, qui était pro depuis quatre ans, se considérait comme un «loser absolu». «En 2001, je suis privé du Tour à cause d'une fracture à la clavicule. J'avais été percuté par une voiture à l'entraînement.» «En 2003, j'étais en pleine bourre. Je signe chez Phonak, qui, ensuite, n'est pas invité au Tour.» Aux championnats de France 2004, où il finit 2e, il est pris d'un mal au ventre dans le final. «Sans cela, je pense que j'aurais gagné.» «Quant au Tour 2004, j'étais certain de le faire ! On me l'avait certifié. Mais le boss de Phonak, boîte suisse, a tenu à ce qu'un Suisse soit sélectionné. Raison politique.» La délivrance est venue, en 2006, un an après son arrivée chez AG2R, avec sa journée en jaune sur le Tour et trois victoires dans la saison. Mais il retourna au purgatoire, en 2007, avec une toxoplasmose qui a mis du temps à dire son nom. «Cela m'a ruiné la santé, j'étais un légume», se souvient-il. Mal diagnostiquée, mal soignée, la maladie le plomba toute une saison. De cette traversée du désert, il est ressorti plus fort pour Vincent Lavenu, le manager d'AG2R, qui voit en Dessel un coureur «adroit et malicieux» qui «fait le métier sur le bout des doigts». «Avant, son défaut était qu'il avait tendance à baisser les bras dans les moments difficiles. Cette saison, il a corrigé cela. On l'a vu dans l'arrivée à Bagnères-de-Bigorre. Il finit 3e alors qu'il avait mal débuté la journée. Auparavant, il aurait lâché.»