On l'appelle «Sid Raïs» ou simplement «Lmir», le président de l'APC en Algérie est, aux yeux de la population, celui qui construit et distribue les logements, qui crée de l'emploi et recrute, qui s'occupe de l'hygiène, du problème d'eau, de l'assainissement, de la réfection des routes et des trottoirs… enfin de tout ce qui est lié à la vie quotidienne des citoyens. Les présidents d'APC auraient aimé que tout cela fût une réalité, eux qui savent que leurs prérogatives sont très limitées. En effet, si la logique veut que les règles qui régissent le fonctionnement et le rôle des assemblées élues aident l'élu à accomplir sa mission, la réalité est tout autre. L'élu est sous l'autorité de l'administration, alors que le code communal stipule que le maire est l'officier de police judiciaire dans sa commune. Aujourd'hui, le maire est élu par la population mais obéit aux instructions d'un commis de l'Etat. En effet, les communes sont, de l'avis de plusieurs élus, régies par un code communal dépassé «qui doit être mis à jour». «Le code communal date de 1990. L'évolution de la situation en Algérie exige qu'il soit actualisé pour mieux s'adapter à la réalité», nous a déclaré M. Missoum Reda, président de l'APC de Oued Koriche dans la wilaya d'Alger. Pour ce jeune élu, être maire aujourd'hui est très difficile, mais pas impossible. «Les restrictions et autres limitations de nos prérogatives ne nous empêchent pas de travailler et de réaliser certaines missions», souligne M. Missoum. Même s'il reconnaît que le président d'APC ne dispose pas d'importantes prérogatives, notre interlocuteur explique que la personnalité du maire joue un rôle important dans la gestion des collectivités locales. «Parfois, des élus n'exercent même pas leurs prérogatives», regrette M. Missoum qui appelle, par ailleurs, à la clarification des relations entre l'élu et l'administration. «Je demande plutôt aux représentants de l'administration de lire le code communal afin qu'il se renseignent sur leurs prérogatives», indique le président de l'APC. Par ailleurs, le maire de Oued Koriche appelle les autorités à revoir la décision accordant au chef de daïra la mission de distribuer le logement social. «C'est une prérogative des élus locaux. Aujourd'hui, les critères pour bénéficier d'un logement sont inscrits sur une feuille de pointage qui ne prend pas en considération le côté humain. Il suffit dans ce cas de mettre en place un logiciel», déclare-t-il. De son côté, M. Bouzid Amara, président de l'APC de Tazmalt dans la wilaya de Béjaïa, souligne que la restriction des prérogatives transforme le maire en agent de l'administration. Le président de l'APC n'a aucun statut. Il a une double casquette de représentant de l'Etat et de la population, mais sur le terrain, il se retrouve souvent face à des situations dangereuses, sans rien pouvoir faire», affirme M. Amara et d'ajouter que la restriction des prérogatives discrédite l'élu aux yeux de la population. Le président d'APC, explique notre interlocuteur, a le rôle de maître d'ouvrage dans les marchés conclus dans le cadre des Plans de développement communal (PCD). «C'est la seule responsabilité du président d'APC», précise M. Amara. En revanche, dans le cadre de l'aménagement urbain (éclairage public, réfection des trottoirs, embellissement de la ville)… le maître d'ouvrage reste la direction de l'urbanisme. Lorsque les travaux ne sont pas réalisés ou le sont mal, les citoyens accusent les élus», regrette le maire de Tazmalt et d'expliquer que les élus locaux ne disposent pas d'une capacité réelle d'intervention en ce qui concerne le développement local, en général, notamment la gestion du foncier et le contrôle de l'urbanisme. Un autre élu résume la situation : «On confie au chef de daïra la distribution des logements sociaux et aux maires la démolition des constructions illicites.» C. B.