Photo : Zoheir Par Nabila Belbachir De nos jours, l'état déplorable de plusieurs voiries publiques, caniveaux, et avaloirs, à travers certaines artères de la capitale, et même dans d'autres villes algériennes, provoque des dégâts matériels et humains considérables à la moindre d'averse. La plupart des rues et des ruelles, pas seulement celles de la ville d'Alger mais dans presque tous les coins du pays, donnent une image désolante. Elles se dégradent sous l'effet du temps ou parce que, lors de leur réalisation, les travaux ont souvent été mal réalisés. Le comble dans tout cela, c'est l'état des voiries dans leur ensemble. Certaines sont anciennes, alors que d'autres servent de poubelles accueillant ainsi tous types d'ordures : sachets et bouteilles en plastique, papiers, herbes sèches. D'autres ne répondent pas aux normes ; leur construction ne respectant pas le standard de ce type d'ouvrages. La direction des travaux publics pèche, selon certains responsables, par le non-respect des «normes internationales» en matière de construction d'ouvrages de captage et de drainage des eaux de pluie. Ces ouvrages, avaloirs et grilles et autres ne seraient pas adaptés, selon la même source, et seraient posés d'une manière aléatoire sans souci du respect de la distance convenue. Des cas de vol et de dégradation sont en outre signalés. Cette lamentable situation provoque, à la première pluie, des inondations graves et inquiétantes pour les citoyens. Ce qui nécessite un travail de désobstruction des regards et le nettoyage des cours d'eau. Apparemment, nous n'avons pas tiré les leçons de la tragédie, encore dans les mémoires, des inondations de Bab El Oued du 10 novembre 2001, mais aussi de celles de Zéralda en 2007. Souvenons-nous des inondations de Bab El Oued de 2001 Les inondations de Bab El Oued et les problèmes de circulation que provoquent, habituellement, les fortes pluies à Alger, ont traumatisé la population d'une part et ont fini, d'autre part, par sensibiliser les responsables de l'assainissement sur les dangers de la négligence des opérations de nettoyage qui, de coutume, se font à chaque saison automnale. Certains responsables ont fait part de leur désarroi face à ces agissements, qualifiés d'«irresponsables» et face aux travaux inaccomplis de certains intervenants dans plusieurs voiries publiques à Alger. Contacté, hier, par nos soins, M. Karim Hasni, directeur général de l'Office national de l'assainissement (ONA) a tenu à préciser à ce propos que la part de responsabilité de l'office se résume, selon lui, à la prise en charge, entre autres, du réseau d'assainissement souterrain, responsable des ouvrages annexes des eaux pluviales tels que les déversoirs d'orage, les chambres à sable et les bassins de rétention, qui font partie du réseau d'assainissement. «Quant à l'assainissement de surface, c'est-à-dire, précisera notre interlocuteur, les grilles qui doivent être construites à 70 mètres d'intervalle, et lorsque c'est sur un espace plat, les routes, les avaloirs, sont destinés pour les pentes pour mieux avaler l'eau, un ouvrage de drainage des eaux de pluie, est le soubassement d'une bonne évacuation.» Aux yeux du directeur général de l'Office, le manque d'ouvrages de drainage provoque la stagnation des eaux en surface, lesquelles, dans 80% des cas, sont pratiquement collectées par les routes et engendrent, en même temps, en cas de pluie diluvienne des inondations. Et de soulever, dans ce contexte, d'autres cas. Le premier est relatif à la construction plus élevée des grilles au niveau de la route, dont l'évacuation d'eau ne se fera qu'une fois la route pleine. Le deuxième cas, cité par notre interlocuteur, c'est le laisser-aller de certaines entreprises, spécialisées dans le bitumage des routes, qui obstruent les ouvrages de drainage. Par ailleurs, M. Hasni a préconisé une prise de conscience du citoyen, qui utilise ces avaloirs comme décharges publiques. «Un regard ou une grille de captage ne sert ni de poubelle ni de décharge publique», signalera-t-il. Programme de prévention et d'intervention contre les risques d'inondations Un programme de prévention et d'intervention contre les risques d'inondations est en cours d'élaboration, selon le responsable de l'ONA. Ce programme a décelé plusieurs points noirs dans la capitale qui constituent un danger potentiel. Il a ainsi cité le carrefour de Bir Mourad Raïs, le quartier Sidi Yahia, l'avenue de l'ALN, la rue de Tripoli et Le Caroubier (Hussein Dey), le boulevard Abderrahmane Mira (Bab El Oued), la rue Hassiba Ben Bouali, la gare du 2 Mai, le parking Béziers (Sidi M'hamed), les Trois Caves (Boumati, El-Harrach), les cités 1 200 logements, 5 Juillet et USTHB (Bab Ezzouar), la RN11 (Aïn Benian). Pour rappel, la wilaya d'Alger a, quant à elle, mis en place un programme de prévention contre les inondations. Celui-ci implique la direction des ressources hydrauliques et de l'économie de l'eau relevant de la wilaya d'Alger, de la SEAAL, d'Asrout et de l'APC. Ce programme se focalise actuellement sur l'étude d'aménagement de l'Oued El Harrach et l'installation d'un système d'alerte, celui de l'embouchure de des oueds El Hamiz et Réghaïa, sur les études de protection contre les inondations des communes de Zéralda, Staouéli, Aïn Benian, Eucalyptus, Birtouta, Tessala El Merdja, Ouled Chbel et Rouiba, sur la réalisation d'ouvrages de protection contre les risques d'inondation (collecteurs, bassins de retenue, stations de relevage…) et l'aménagement des oueds à travers les communes de Zéralda, Staouéli, Aïn Bénian, Chéraga, Béni Messous, Hammamet, Raïs Hamidou, Bologhine, Oued Koriche, Bouzaréah, Bachdjarah, Kouba, Bab Ezzouar, Bordj El Bahri, El Harrach, Saoula, Khraïcia, Birtouta et Eucalyptus. Pour plus d'information et d'explications à ce sujet, nous avons contacté les responsables de la wilaya et d'Asrout, en vain. La SEAAL, selon des sources, s'est engagée dans tout ce qui concerne la remise en état des voiries publiques. Cette société de gestion de l'eau potable, apprend-on, a remis en état les voiries, là où elle a effectué des travaux. Cette unité de la SEAAL, dotée de moyens modernes et performants, tout en respectant les modalités de travail, intervient là où il existe un problème de canalisation. Malgré l'amélioration et le progrès remarquables constatés ces derniers temps au niveau des ouvrages et du réseau d'évacuation des eaux pluviales, beaucoup reste à faire pour décentraliser ce problème préoccupant dans le but de le régler définitivement. Car le manque de suivi et le laisser-aller des intervenants constituent une grande part de responsabilité en cas d'inondations. Selon M. Hasni, tous les intervenants dans le domaine, à savoir, Asrout, APC, DTTP, SEEAL, ONA, doivent accorder leurs violons afin de maîtriser la situation et éviter tout dysfonctionnement et les mauvaises surprises.