Le ministère de l'Intérieur ne badine pas avec l'application de ses circulaires. Après avoir enjoint les maires de se soumettre à une autorisation de ses services pour quitter le territoire national, le département de Yazid Zerhouni vient de passer à l'acte en interdisant au président de l'Assemblée populaire communale de Ouaguenoune de quitter le territoire national.Ali Belkhir, maire FFS de Ouaguenoune, dans la wilaya de Tizi Ouzou, s'est donc présenté hier matin à l'aéroport international d'Alger pour se rendre à Rotterdam, Pays-Bas, afin de participer au Forum des villes contre la pauvreté qui se tient à partir de demain. Avec un sourire d'usage, un officier de la police des frontières lui signifie l'impossibilité d'effectuer le voyage. «L'officier, qui s'est montré respectueux, m'a informé que je ne peux pas voyager sans autorisation. Il m'a même invité à lire la circulaire du ministère de l'Intérieur», raconte Ali Belkhir, contacté hier après-midi. Pourtant, le maire a décidé de «contourner» cette circulaire. Au lieu de se présenter comme président d'APC, Belkhir a fait valoir sa qualité de membre du conseil national d'un parti agréé. «L'officier n'a rien voulu savoir», a-t-il encore indiqué.Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le Front des forces socialistes «dénonce cette interdiction et prend à témoin les instances internationales sur cette gravissime et inqualifiable atteinte aux libertés». Il faut dire que cette interdiction était déjà dans l'air. En effet, en 2008, Ali Belkhir s'était rendu à la même réunion, tenue alors à Athènes, en Grèce. Il avait même prononcé une allocution sur l'expérience des élections locales en Algérie. C'est, apparemment, suite à cette intervention que les services du ministère de l'Intérieur ont produit cette circulaire. N'empêche, le maire de Ouaguenoune avait formulé une demande pour la présente visite. Rapidement, l'administration lui a signifié un refus non justifié (voire la Tribune du 15 décembre 2009). «En réponse, j'ai le regret de vous informer que […] Monsieur le wali de Tizi Ouzou a émis un avis défavorable à votre demande», avait indiqué le chef de daïra de Ouaguenoune dans une correspondance datée du 15 novembre. Tous les maires sont-ils concernés ? Pas si sûr, à en croire Ali Belkhir. «Je vois souvent des maires parler à la télévision à partir de la France. Mais j'avoue ne pas savoir comment ils font pour sortir», a-t-il seulement dit. En tout cas, l'essentiel pour le maire de Ouaguenoune est que son «intervention est déjà sur place». A. B.