Les maires et leurs adjoints n'ont plus le droit de prendre part à des séminaires et des colloques internationaux sans l'aval des autorités. Ils sont désormais soumis à une autorisation préalable du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. En effet, une circulaire du département de Noureddine Yazid Zerhouni, adressée récemment aux walis et aux chefs de daïra, oblige les présidents d'APC et leurs adjoints à formuler une demande d'autorisation avant d'effectuer un déplacement officiel à l'étranger. « En application des dispositions réglementaires régissant les sorties à l'étranger, j'ai l'honneur de vous rappeler que les sorties hors du territoire national des présidents des Assemblées populaires communales ainsi que les adjoints exerçant en qualité de membres permanents sont soumis à une autorisation préalable délivrée par les services du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales », lit-on dans une lettre adressée par le chef de daïra de Ouaguenoun (Tizi Ouzou) aux présidents des APC relevant de sa circonscription. Ce dernier recommande aux P/APC « d'introduire leurs demandes suffisamment à l'avance pour permettre l'accomplissement de la procédure réglementaire ». Cette missive, dont nous avons obtenu une copie, ne précise toutefois ni la date de la mise en application de cette décision ni les raisons ayant amené les pouvoirs publics à la prendre. En tout cas, des maires ont déjà fait les frais de cette circulaire. Le P/APC de Ouaguenoun (FFS) s'est déjà vu refuser une demande de participation au 7e forum de l'Alliance mondiale des villes contre la pauvreté devant se tenir du 24 au 26 février 2010 à Rotterdam (Pays-Bas). Les motifs du rejet n'ont pas été expliqués. Cette situation inquiète les états-majors des partis qui dénoncent une volonté des pouvoirs publics de contrôler davantage les responsables politiques. Le FFS, qui a rendu public le contenu de cette circulaire, critique vivement « cette entrave à la circulation des personnes ». « C'est une obstruction à la circulation des personnes et des idées. Cette circulaire n'a aucun fondement juridique et aucun texte de loi régissant les collectivités locales n'oblige les élus locaux à demander une autorisation pour participer à des débats à l'étranger », a déclaré le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, lors d'un point de presse animé hier à Alger. Selon lui, ce fait démontre que les autorités confirment leur volonté de contrôler tous les mouvements des responsables politiques. Le deuxième homme du FFS estime également que les pouvoirs publics « ne veulent pas que les étrangers entendent un autre son de cloche que la position exprimée par les délégations officielles qui prennent part à ce genre de manifestations internationales ». « Deux élus du FFS ont participé récemment à une rencontre à Athènes (Grèce) et ils ont réussi à prendre la parole. Le représentant officiel algérien n'a pas apprécié cela. Je pense que cette circulaire a été pondue pour empêcher les représentants de l'opposition d'assister aux rencontres internationales », a-t-il lancé.