«Toute vérité n'est pas bonne à dire.» Cet adage s'est de nouveau vérifié jeudi dernier à l'occasion de la tenue de la conférence nationale des femmes militantes du FLN au siège de l'Institut national de la formation professionnelle à Birkhadem. En effet, beaucoup de militantes ont profité de cette rencontre (à laquelle prenait part le secrétaire général du FLN, accompagné de Salah Goudjil et de Tayeb Louh, entre autres) pour exprimer leurs colère et désarroi quant à la situation à laquelle est arrivé l'un des vieux partis du pays. Certaines n'y ont pas été de main morte, dénonçant la discrimination, l'exclusion de la gent féminine. «Les assemblées générales se tiennent hors structures. Souvent, c'est le soir qu'elles ont lieu, cela en sachant que les militantes ne peuvent faire le déplacement, ou alors carrément dans les cafés», dira une militante. Non sans interpeller Abdelaziz Belkhadem, l'invitant à intervenir pour mettre un terme à cette situation qui divise plus les militants qu'il ne les rassemble. D'autres intervenantes n'ont pas mâché leurs mots, allant jusqu'à affirmer qu'il y avait dans la salle des femmes qui ne sont pas militantes et qu'elles n'avaient absolument rien à voir avec le parti, vilipendant par là même les organisatrices qui auraient fait dans la sélection, mettant à l'écart les véritable militantes pour se maintenir dans leur poste et aspirer à plus. Les femmes du FLN ont exigé que soient levées toutes les contraintes pour assainir le parti. Certaines s'en sont prises nommément à des membres de la commission exécutive. Des vérités qui n'ont pas été du goût de celles qui présidaient la séance, lesquelles ont tenté, en vain, de retirer la parole aux intervenantes qui ne cherchaient en fait qu'à sauver leur formation politique. C'était d'ailleurs le cas de la représentante de la wilaya de Djelfa qui, le verbe facile et très sereine, a mis en exergue toutes les entraves, les obstacles dressés devant les militantes pour les empêcher d'émerger. Les interventions de jeudi renseignent, si besoin est, sur la crise qui secoue ce parti depuis 2004 et qui n'arrive pas à se résorber en dépit des déclarations de la direction nationale. Abdelaziz Belkhadem a, lui aussi, tenté de la minimiser en la réduisant à sa plus simple expression. «Le FLN va bien», lancera-t-il à la rencontre nationale des femmes militantes. Rejetant le fait que la direction nationale fasse dans la discrimination, tout en signalant que les discours qu'il venait d'entendre ne répondaient pas à ses souhaits, il a déclaré : «Il n'y a pas un FLN masculin et un autre féminin.» L'ex-chef du gouvernement invitera ses camarades militantes à ne pas tomber dans le féminisme bête et méchant, leur rappelant l'expérience des mouvements féministes dans le monde qui ont subi, d'après lui, de cuisants échecs. Il s'interrogera sur l'absence des militantes dans les assemblées générales de kasma, avant de reconnaître que, d'après les rapports qui lui ont été transmis, les réunions se tenaient le soir ou dans des cafés. Répondant à une préoccupation de ses camarades féminines, il dira que, si la politique des quotas était une étape impérative à un certain moment, il n'en demeurait pas moins qu'il s'y opposait. A juste titre d'ailleurs, mettant ainsi en exergue que l'accès aux postes de responsabilité dans le parti ou la prétention à la députation relevait uniquement, voire exclusivement de l'engagement militant et de la compétence de tout un chacun. Abdelaziz Belkhadem a avoué que le parti avait commis une erreur en procédant à l'élargissement de la base du FLN à la veille des élections. Selon lui, en dehors de ceux qui s'y sont opposés, cela a été une aubaine pour beaucoup d'autres qui en profité pour garantir leur élection à travers le soutien des nouveaux venus. «D'autres encore sont carrément sortis du rang du parti pour se présenter sous d'autres bannières», renchérira-t-il. Toutefois, ce comportement ne l'a pas empêché, lui, de leur rouvrir les bras de sa formation politique lorsqu'ils ont émis le vœu de le réintégrer, sans passer par des mesures disciplinaires. Il a même organisé une réception en leur honneur. Revenant sur la crise dont il nie aujourd'hui l'existence, M. Belkhadem indiquera que «les crises qui nous ont secoués, au lieu de nous anéantir, nous ont renforcés». Cela non sans appeler les participantes à la capitalisation des expériences acquises. Il les a également invitées à unir les rangs, à se battre. «Imposez-vous !» lancera le secrétaire général du FLN qui précisera qu'une instruction sera adressée à l'ensemble des responsables locaux du parti pour intégrer les militantes dans les assemblées générales des kasmas. Il conviera les militantes à évaluer l'activité du parti mais aussi à faire en sorte de se hisser au plus haut niveau. «N'attendez pas que l'on vous propose d'être candidate.» F. A. «Il n'y aura pas de conseil national avant l'annonce de la révision de la Constitution» La tenue du conseil national du FLN est tributaire de l'annonce par le président de la République de la révision de la Constitution. Abdelaziz Belkhadem a préféré reporter la tenue de cette instance du parti jusqu'à ce que le chef de l'Etat «annonce officiellement la révision de la Constitution. Nous tiendrons alors la réunion qui nous permettra d'exprimer tout officiellement le soutien du FLN à un troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika». En attendant, M. Belkhadem compte réunir dans les prochains jours l'instance exécutive du FLN pour la préparation de l'université d'été, prévu le mois prochain à Blida. Le congrès extraordinaire, lui, qui aura lieu après le conseil national (prévu en novembre) sera consacré au remodelage des instances, dont le retour aux anciennes appellations des structures : comité central, bureau politique. F. A.